REFERENCE
Un observatoire national
L'asthme professionnel apparaît dans les pays développés comme l'affection professionnelle d'origine respiratoire la plus fréquente. Néanmoins, le nombre réel de cas d'asthme professionnel est difficile à évaluer et peut varier d'une région à l'autre. Créé en 1996 par la Société de pneumologie de langue française et la Société française de médecine du travail, l'Observatoire national des asthmes professionnels (ONAP) permet de mieux connaître l'incidence et les caractéristiques épidémiologiques de ces asthmes.
Les nouveaux cas d'asthme professionnel ou d'irritation des bronches peuvent être signalés par les médecins. La fiche de signalement notifie l'âge, le sexe, la profession, l'agent étiologique suspecté et les méthodes de diagnostic. En 1997, 559 cas ont été rapportés, dont 82,3 % d'asthme, 4,7 % de syndrome d'irritation des bronches et 12,7 % de syndromes atypiques d'asthme ; 64 % sont des hommes et la moyenne d'âge de 36 ± 13 ans.
Variation régionale
L'incidence annuelle montre une variation régionale allant de 4 à 73 cas par million de travailleurs (moyenne nationale de 25,7 cas/million de travailleurs). Différents facteurs peuvent expliquer cette variabilité : sous-diagnostic de la maladie asthmatique selon les critères qui ont été retenus ; sous-déclaration du lien avec le travail liée soit au patient, soit au médecin ; expositions variables selon les industries impliquées et les professions génératrices d'asthme.
Agents étiologiques
Les agents étiologiques le plus fréquemment retrouvés par l'ONAP sont la farine (23,3 %), puis les isocyanates (16,6 %), le latex (7,5 %), les aldéhydes (5,5 %) et les persulfates (4,1 %). Les professions à risque sont les boulangers (23,9 %), les métiers de la santé (12 %), les peintres (9,1 %), les coiffeurs (5,2 %), les métiers du bois (4,8 %) et les agents de nettoyage (3,5 %).
Incidence
Durant les quatre premières années de l'ONAP, 2 178 cas ont été signalés. L'incidence annuelle moyenne est de 24 million (27 cas/million pour les hommes et 19 million pour les femmes). Même s'il existe dans ce système un biais de surveillance lié au signalement volontaire par le médecin, la reproductibilité des résultats retrouvée année après année est un encouragement pour l'ONAP, qui est ainsi capable de fournir en France une estimation de l'incidence de l'asthme professionnel et de ses étiologies.
Identification de l'allergène
Dans l'identification de l'allergène, lors d'asthme professionnel, le pneumologue doit s'aider des renseignements pris auprès du médecin du travail, pour préciser l'évolution de la symptomatologie : rhinite, asthme.
Conduite à tenir
La première attitude positive doit être de renforcer la prévention technique, donc d'étudier le cheminement des allergènes. C'est en réalité les réactivités individuelles variables à ces différents allergènes qui aboutissent à la notion de risque. Il faut également savoir s'il est possible de substituer la substance, d'agir au niveau de la ventilation globale, de diminuer l'exposition de l'individu (port de masques isolants ou filtrants). Le praticien doit aussi s'interroger sur l'aptitude de son patient à son poste de travail et, si la réactivité à l'allergène est trop forte, envisager un reclassement. Pour ce faire, l'éviction doit être réfléchie et nécessite un échange d'information entre le médecin du travail, le médecin généraliste, le pneumologue, le médecin-conseil de la Sécurité sociale et le médecin de la COTOREP. En effet, une prise en charge optimale nécessite l'action de tout un réseau de compétences médicales, mais également techniques. Le pneumologue doit adapter au mieux le traitement, mais ne doit pas se contenter de ce seul aspect de la prise en charge.
D'après la communication de M.-C. Kopferschmitt-Kubler (service de pneumologie, hôpital Lyautey, Strasbourg) lors des10es Journées parisiennes d'allergie.
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