DES CONCENTRATIONS sériques élevées de leptine augmentent le risque d’asthme chez la femme. C’est la conclusion d’un travail publié dans « Thorax », qui a étudié cette hypothèse dans une population d’adultes. Dans la littérature, un lien a déjà été mis en avant entre l’obésité et la maladie asthmatique. La leptine pouvait être un médiateur de cette relation, car elle est impliquée dans la physiopathologie de l’asthme et dans celle de l’obésité. Cette hormone produite par le tissu adipeux module via l’hypothalamus la libération de neuropeptides participant au bilan calorique.
Par ailleurs, la concentration de leptine est un facteur connu de risque de survenue d’asthme chez l’enfant et en particulier chez le garçon. En revanche, chez l’adulte, son implication dans cette pathologie n’était pas démontrée.
Des patients de plus de 20 ans.
Les auteurs ont inclus 5 876 patients de plus de 20 ans à partir d’une base de données américaine (NHANES III) mise en place entre 1988 et 1994. La maladie asthmatique était définie par les réponse positives aux deux questions suivantes : «Un médecin vous a-t-il déjà dit que vous étiez asthmatique?» et «Avez-vous encore de l’asthme?». Les covariables analysées dans ce travail étaient : l’âge, le sexe, l’ethnie, le niveau socioculturel, le tabagisme, la concentration sérique de nicotine, l’indice de masse corporelle (IMC), l’index de pli cutané tricipital, l’activité physique, l’atopie (définie par la réponse oui à la question «un médecin vous a-t-il déjà dit que vous aviez un rhume des foins?», et le statut hormonal chez la femme. L’asthme était retrouvé chez seulement 4,9 % des participants.
Les auteurs montrent que les concentrations de leptine les plus élevées sont associées à l’asthme chez l’adulte. Et, surtout, que cette relation est plus forte chez la femme, en particulier avant la ménopause, que chez l’homme. Un IMC élevé chez les patientes est aussi associé à la maladie asthmatique. Cette relation est peu modifiée lorsque l’on pondère les résultats en fonction des concentrations de leptine. Ce qui suggère que d’autres mécanismes expliquent le lien entre l’IMC et l’asthme. Si cette étude montre que des taux élevés de leptine majorent le risque d’asthme chez la femme avant la ménopause, l’implication de la leptine dans la relation entre l’obésité et l’asthme n’est pas retrouvée.
Augmentation de la leptine après injection de cytokines.
Les mécanismes précis expliquant le lien entre concentrations sériques de leptine et asthme restent hypothétiques, mais font intervenir les médiateurs de l’inflammation. Il existe une série d’arguments expérimentaux montrant une augmentation de la production de leptine après l’injection de cytokines et, inversement, une augmentation de TNF alpha, d’interleukines 6 et 12 après administration de leptine. De plus, la réponse inflammatoire des voies aériennes induite par l’ozone est majorée par l’administration de leptine. Enfin, chez le jeune garçon, les concentrations de leptine circulante sont plus importantes chez celui qui est asthmatique.
Le lien entre obésité et concentration de leptine semble mieux établi pour la femme que pour l’homme. Cela suggère que les hormones sexuelles pourraient être un facteur impliqué dans cette relation. Néanmoins, l’étude du Dr A. Sood n’est pas assez importante pour le dire avec certitude. Les principales limites de ce travail, soulignées par les auteurs, sont les suivantes : les critères retenus pour définir la maladie asthmatique peuvent avoir induit des erreurs de classification des malades ; les dosages de leptine n’ont pas été réalisés en prenant en compte la période du cycle menstruel ; enfin, les estrogènes et la progestérone n’ont pas été mesurés.
Sood A, Ford ES, Camargo CA. Association Between Leptin and Asthma in Adults. « Thorax », 2006, édition avancée en ligne.
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