L es allergènes au sein des maisons constituent une cause importante d'asthme ou de rhinite allergique non saisonnière. Lorsque les patients n'y sont plus exposés, les symptômes s'améliorent.
Quelques-uns des principaux allergènes domestiques sont ceux émis par les acariens de poussière de maison (Dermatophagoïdes petronyssinus 1 ou Der p1). Ils vivent dans la literie et l'exposition principale survient dans le lit.
Lorsque les enfants asthmatiques sensibles aux acariens de poussière séjournent en sanatorium de montagne, ou dans une chambre d'hôpital dépourvue d'allergènes, la réactivité et l'inflammation de leurs voies respiratoires s'améliorent. Cette amélioration est-elle liée à la réduction d'exposition aux acariens domestiques ou à d'autres facteurs ?
Quoi qu'il en soit, il est fortement recommandé aux patients asthmatiques, ainsi qu'à ceux atteints de rhinite allergique non saisonnière, de protéger leur literie par des alèses imperméables aux allergènes des acariens, afin de ne pas exacerber les symptômes.
Cette recommandation est-elle justifiée ? Deux études multicentriques, bien conduites, randomisées en double insu, ont évalué l'efficacité de cette intervention pendant un an.
Alèse sur le matelas, les oreillers et le duvet
L'étude britannique, de Woodcock (université de Manchester, Royaume-Uni) et coll., porte sur plus de 1 100 adultes asthmatiques. Ces patients, consentant à participer à l'étude, ont été randomisés soit dans le groupe d'intervention (alèses imperméables à l'allergène Der p1 recouvrant le matelas, les oreillers et le duvet), soit dans le groupe témoin (alèse non imperméable). Dans chaque groupe, 65 % des patients étaient initialement sensibles aux allergènes d'acariens de poussière.
L'étude démontre l'inefficacité clinique de l'intervention. En effet, tandis que les deux groupes présentent une amélioration du débit expiratoire de pointe à six mois, il n'y a pas de différence significative entre les deux groupes, qu'ils soient composés de tous les patients ou seulement de ceux sensibles aux acariens. Il n'y a pas non plus de différence sur la réduction ou l'arrêt de la corticothérapie inhalée à un an.
L'étude néerlandaise, de Terreehorst (centre médical d'Erasmus, Rotterdam), porte sur 279 patients atteints de rhinite allergique. Ils ont été randomisés, comme dans l'étude britannique, soit au groupe d'intervention, soit au groupe témoin. Après un an, malgré une réduction significative (d'un facteur égal à 2,5) du taux d'exposition aux acariens de poussière dans le matelas ( Der p1, et Der f1), aucune amélioration des symptômes de la rhinite n'est observée dans le groupe d'intervention.
Une stratégie d'évitement global
Quelle conclusion peut-on tirer de ces études ? « Recommander des alèses antiallergènes dans un contexte de médecine générale a peu de chance d'être une mesure efficace si elle ne s'accompagne pas d'une stratégie d'évitement global », déclare dans un éditorial le Dr Patts-Mills (université de Virginia, Charlottesville). « La conclusion correcte est que le traitement par la soustraction aux allergènes requiert une bonne connaissance des allergies du patient, des mesures supplémentaires à l'utilisation d'alèses et une éducation du patient. Une implication alternative de ces études, ajoute-t-il, est que l'on ne comprend pas ce qui est nécessaire à l'amélioration des patients asthmatiques et encore moins à la guérison de la maladie. »
« New England Journal of Medicine », 17 juillet 2003, pp. 225, 207, 235.
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