Asthme et allergie : définir l'urgence

Publié le 04/12/2003
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En France, la fréquence de l'asthme et des allergies s'est accrue au point que 20 % de la population est touchée, soit 12 millions de personnes. Urticaire, eczéma ou oedème de Quincke : chez les asthmatiques, le risque de manifestations cutanées concerne de 50 à 60 % des patients. Pour autant, elles ne sont pas nécessairement le symptôme d'allergies. D'où la nécessité, pour l'association Asthme & Allergies, lors de ses derniers états généraux, de faire le point sur ces symptômes et de définir la notion d'urgence avec les patients.

On considère que 20 % de la population mondiale fait au cours de sa vie une poussée d'urticaire, mais l'origine allergique concerne moins de 5 % des cas. Or l'urticaire est « dangereuse seulement si elle est d'origine allergique », précise le Dr Pascale Mathelier-Fusade (Paris), dermatologue. De la même façon, l'oedème de Quincke, qui affole très souvent celui qui en est atteint, ou les parents, quand il touche un enfant, évolue vers un choc anaphylactique uniquement s'il est d'origine allergique. Le choc anaphylactique doit être traité rapidement et nécessite une surveillance médicalisée pendant vingt-quatre heures en raison des risques de rechute. « Quand un choc a été traité en urgence, le patient doit obligatoirement consulter pour déterminer l'origine éventuelle de l'allergie », insiste le Dr Mathelier-Fusade. Les signes cliniques de ces symptômes sont les mêmes, quelle que soit l'origine, il faut donc faire un interrogatoire poussé pour la déterminer. L'urgence se reconnaît quand « le patient allergique a été en contact avec son allergène, l'urticaire ou l'oedème s'installe en quelques minutes et est associé à une gêne respiratoire, une douleur abdominale et une sensation de malaise ».
Les grands principes du traitement sont l'éviction de l'allergène, dans certains cas, l'accoutumance et la désensibilisation et l'apprentissage des gestes d'urgence.
Les principaux aliments responsables d'allergies sévères sont les arachides, les fruits à coque, le sésame, la moutarde, les poissons et les crustacés. « Les personnes allergiques doivent être d'autant plus vigilantes quant aux aliments cachés (qui entrent dans la composition de mets préparés), aux allergies croisées (par exemple, le latex et les fruits et légumes ou la pomme et le bouleau), et elles doivent même éviter d'embrasser avec la langue une personne qui vient de consommer un de ces aliments », ajoute le Pr Daniel Vervloet (Marseille), président de l'association. Les allergies médicamenteuses, très nombreuses et aux mécanismes multiples, doivent faire l'objet d'un certificat médical explicite.

* Tél. 01.47.55.03.56, www.asmanet.com.

Cuisine, cosmétique et allergie

Seule l'éviction stricte de l'aliment en cause dans l'allergie peut permettre à terme une diminution des anticorps allergiques (IgE spécifiques de l'aliment). En fonction des résultats, une réintroduction à dose progressive uniquement en milieu hospitalier peut être éventuellement proposée. En revanche, la poursuite de l'ingestion même ponctuelle conduit à une aggravation des manifestations.
Il est donc capital que les patients allergiques apprennent à reconnaître ces aliments dans l'étiquetage des produits finis. Ils peuvent également apprendre à cuisiner en utilisant des produits de substitution.
La même règle s'applique pour les produits cosmétiques. « Seule l'éviction permet la guérison. Les dermatologues disposent de batteries de tests de produits allergisants propre à la cosmétique », explique le Dr Mathelier-Fusade. Une directive européenne oblige à présent l'industrie à indiquer l'ensemble de ses ingrédients. Apprendre à lire les notices permet ainsi aux patients allergiques à sélectionner les produits qu'ils peuvent utiliser.

Véronique HUNSINGER

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7440