CONGRES HEBDO
Il ne fait aujourd'hui plus de doute pour personne que la prévalence de l'asthme a augmenté partout dans le monde, et ce fait a été largement documenté par de multiples études. Les travaux épidémiologiques indiquent que c'est essentiellement chez les enfants que la prévalence de l'asthme augmente. Le nombre d'enfants asthmatiques de 0 à 15 ans a pratiquement triplé entre 1965 et 1985 et les données les plus récentes montrent que cet accroissement se poursuit à un rythme soutenu. Plus 30 à 40 % chez les enfants de 6-7 ans et de 13-14 ans dans la région de Münster en Allemagne entre 1994-1995 et 1999-2000, selon un travail de SK Weiland et coll. qui recoupe de nombreux autres résultats européens. L'augmentation de la prévalence de l'asthme chez l'enfant concerne les deux sexes et la coexistence d'un terrain atopique est fréquemment retrouvée. Une nouvelle phase de l'International Study on Asthma and Allergy in Childhood (ISAAC III) sera chargée de surveiller l'évolution de cette tendance.
Alimentation infantile par des laits spéciaux
Les seules tentatives de prévention primaire qui ont été testées dans le cadre d'essais cliniques concernent l'alimentation infantile par des laits spéciaux, l'utilisation de probiotiques et l'éviction des acariens.
L'utilisation d'hydrolysats de caséine à la place du lait de vache pendant la première année de vie chez des enfants à haut risque d'allergie a permis de diminuer significativement les allergies alimentaires et la sensibilisation aux protéines du lait de vache au cours des deux premières années, mais n'a eu aucune influence sur la survenue de manifestations d'asthme ni à 24 mois, ni à 7 ans. L'effet protecteur ne concerne donc pas l'asthme et, par ailleurs, à l'âge de 7 ans, il n'y avait plus de différence avec les enfants témoins nourris de façon traditionnelle pour aucune des autres manifestations étudiées (allergie alimentaire, rhinite allergique, dermatite atopique, autres affections atopiques...). D'autres paramètres comme la fonction pulmonaire, la sensibilisation à des allergènes aériens ou alimentaires, la présence d'éosinophiles et de basophiles dans les sécrétions nasales n'étaient non plus modifiés par rapport au groupe témoin.
L'étude la plus récente, publiée en avril dans « The Lancet », concerne l'utilisation du lactobacillus GG par la mère lors du dernier trimestre de la grossesse et pendant la période d'allaitement et par les enfants pendant six mois, dans un groupe d'enfants à haut risque familial d'atopie. Un effet protecteur a été observé sur l'eczéma atopique, dont la fréquence diminué de 50 % a l'âge de 2 ans dans le groupe supplémenté par rapport au groupe placebo. Ce résultat remarquable est-il applicable à l'asthme ? La question reste d'autant plus ouverte qu'aucune différence significative n'a été notée en termes d'IgE totales et spécifiques ou en termes de positivité des tests épicutanés ou des RAST.
Une étude publiée récemment dans « The Lancet » a évalué le rôle d'une exposition dès la naissance à un environnement à faible teneur en allergènes sur la survenue d'asthme et de manifestations atopiques chez des enfants à haut risque (deux parents atopiques). La randomisation entre les groupes avec et sans intervention pour diminuer la charge en allergènes a été faite avant la naissance. Par rapport au groupe dans lequel aucune mesure d'éviction des allergènes n'a été mise en uvre, les enfants du groupe où ces mesures ont été appliquées ont présenté moins de phénomènes respiratoires de type wheezing sévères au cours de leur première année d'existence, mais les autres manifestations moins sévères n'ont pas significativement été affectées.
Tabagisme maternel
Compte tenu de la période de suivi, pour le moment limitée à un an, il est impossible de connaître l'impact de ces mesures d'éviction (astreignantes et difficiles à mettre en oeuvre) sur le devenir à plus long terme, ce d'autant que l'existence d'un wheezing au cours des trois premières années de vie est très mal corrélée au développement ultérieur d'un asthme.
Il n'existe pas d'études interventionnelles sur ce plan, mais une métaanalyse montre clairement que le tabagisme maternel augmente le risque d'infections des voies respiratoires basses au cours des deux premières années de la vie (± 70 %), mais aussi le risque d'asthme, de wheezing et de toux chronique de 5 à 16 ans (± 30 %).
D'après une communication d'Erika Von Mutius (Munich, Allemagne)
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature