Si le contrôle pharmacologique de l'asthme persistant est bien obtenu par les traitements disponibles, efficaces et bien tolérés aux doses recommandées, il n'en reste pas moins que les médicaments ne sont pas suffisamment pris par les enfants de façon appropriée au long cours.
Les enfants les interrompent volontiers lorsqu'ils se sentent mieux et, ce d'autant que circulent des croyances erronées sur la « toxicité » des corticoïdes inhalés. Des explications claires aux parents permettent de surmonter ces obstacles, vaincre les oppositions et bien enseigner la technique d'inhalation.
Précautions individuelles pour contrôler l'asthme
Autre élément majeur, déterminant une adhésion médiocre au traitement de fond, la complexité de l'ordonnance : en effet, on constate que la prescription comprenant deux médicaments différents - un bronchodilatateur et un corticoïde inhalés - est volontiers mal suivie. Elle aboutit, en réalité, à une monothérapie, l'enfant poursuivant uniquement le bronchodilatateur, dont l'effet est perceptible immédiatement. D'où l'intérêt d'un traitement combiné qui, quand il est nécessaire, assure simultanément la prise du bêta-mimétique et de l'anti-inflammatoire de fond.
Aussi, afin d'éviter la lassitude et l'abandon éventuel du traitement, il est utile d'alterner les formulations et de prescrire successivement les formes galéniques différentes, en privilégiant l'aspect ludique de la prise du médicament (codes couleur..), en tenant compte des préférences de l'enfant.
L'adhésion au traitement continu de l'asthme peut, dans certains cas, et si l'état respiratoire est contrôlé, être accrue par la prescription du traitement combiné en une seule prise par jour, idéalement le matin, pour des raisons d'ordre métabolique.
Cependant, la prise le soir est possible, si elle est plus aisée pour l'enfant et la famille.
Néanmoins, malgré toutes ces mesures, le contrôle de l'asthme de l'enfant n'est pas réglé au plan de la population générale. Pour aboutir à une diminution de la morbidité des asthmes sévères, il est indispensable de développer des « écoles de l'asthme », en complément des établissements pilotes existants déjà dans certains centres hospitaliers.
En effet, passée la période de l'urgence thérapeutique, il est indispensable que les enfants asthmatiques bénéficient régulièrement, par exemple tous les trois mois au long cours, de consultations spécialisées, données par un personnel qualifié, disponible et formé aux différents domaines de la pneumologie et de l'allergologie. Or, à l'heure actuelle, ces moyens humains font défaut.
« Pour que les enfants présentant une forme sévère d'asthme aillent bien - c'est-à-dire ne soient pas hospitalisés de façon itérative, ne consultent pas en urgence et ne présentent pas une évolution grave -, il est impératif qu'ils puissent être accueillis dans des centres de référence de l'asthme ou un service hospitalier spécialisé », insiste le Pr Pierre Scheinmann. Si tel était le cas, on ne pourrait plus dire que « lorsqu'on contrôlait la théophyllinémie régulièrement, le suivi des enfants asthmatique était plus satisfaisant ».
D'après un entretien avec le Pr Pierre Scheinmann, hôpital des Enfants-Malades (Paris), dans le cadre d'un symposium GlaxoSmithKline au 5e Congrès international de pneumologie pédiatrique.
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