DEPUIS l'introduction du PCV7 dans des pays aussi différents que l'Espagne, la Grèce, le Brésil, la Corée, le Danemark…, force est de constater que les résultats obtenus dans ces différents pays sont très similaires et qu'ils mettent en évidence une diminution des maladies pneumococciques invasives (IPD) (méningite, bactériémie) et muqueuses (otite moyenne aiguë et pneumonie). Ainsi, les résultats obtenus en Allemagne, où, depuis vingt ans, le Centre national de référence pour les streptocoques surveille l'épidémiologie des IPD chez les enfants jusqu'à 15 ans : en août 2006, l'évidence du bénéfice apporté par la vaccination par le PCV7 sur l'évolution des IPD a conduit ce pays à recommander la vaccination chez les enfants avant 24 mois et le remboursement du vaccin en janvier 2007. Depuis cette date, 84 % des nouveau-nés allemands ont été vaccinés avec au moins une dose de PCV7 et, à la fin mars 2008, l'incidence des IPD dues à des sérotypes vaccinaux (en particulier aux sérotypes 14F et 23F) a diminué de 50 % chez les enfants de moins de 2 ans. Les cas dus à des sérotypes non vaccinaux ne diffèrent pas de ceux observés dans la même période les années précédentes. Une légère diminution des IPD à sérotypes vaccinaux est aussi observée chez les enfants non vaccinés dans les tranches d'âge 2-5 ans et 5-15 ans. Elle suggère un effet indirect d'immunité collective.
États-Unis et France.
Ces résultats sont en accord avec ceux obtenus aux États-Unis et en France. Aux États-Unis, où le recul est maximal, les IPD dues aux sérotypes vaccinaux de pneumocoques ont diminué de 98 %. La diminution est de 77 % pour les IPD tous sérotypes confondus. En France, une diminution de 45 % des méningites à pneumocoques est notée depuis l'introduction du vaccin en 2003. Une diminution des otites moyennes aiguës (OMA) et des pneumonies est aussi observée (20-40 %), mais l'identification du germe n'étant pas systématique dans ces pathologies, le chiffrage des infections à pneumocoques est moins aisé.
L'efficacité du vaccin conjugué heptavalent a été clairement démontrée. Cependant, des modifications des sérotypes de pneumocoques sont constatées au fil des années. Cette évolution résulte de la vaccination, mais aussi de la prescription accrue d'antibiotiques, qui favorise la survenue de souches bactériennes résistantes. Même si le PCV7 couvre la plupart des sérotypes de pneumocoques résistants à la pénicilline, certaines souches de remplacement sont apparues, qui ne sont pas couvertes par le PCV7. Aussi, une couverture d'un plus grand nombre de sérotypes devient indispensable. De plus, il serait bénéfique d'augmenter l'efficacité vis-à-vis des maladies pneumococciques muqueuses (OMA et pneumonies), d'augmenter le bénéfice indirect chez les non-vaccinés et de pouvoir vacciner le sujet âgé.
Pour répondre à ces objectifs, de nouveaux vaccins sont en cours de développement. Ainsi, un vaccin contre 13 sérotypes est actuellement développé par les Laboratoires Wyeth.
La démonstration d'efficacité des nouveaux vaccins pose un problème paradoxal. En effet, lorsqu'un vaccin ayant une efficacité et un profil de tolérance établis est disponible, comme c'est le cas pour le PCV7, il apparaît non éthique de réaliser des études versus placebo pour de nouveaux vaccins. De plus, un grand nombre de patients serait nécessaire pour vérifier la non-infériorité d'un nouveau composé, d'autant plus que, le PCV7 étant présent dans de nombreux pays, la réalisation d'études chez des sujets n'ayant subi aucune influence directe ou indirecte de ce vaccin est complexe. Ces considérations ont conduit les experts internationaux à conclure qu'il fallait définir un autre paramètre que l'efficacité clinique pour servir de comparateur à des candidats vaccins.
Les anticorps contre les polysaccharides capsulaires étant le premier mécanisme de protection contre les maladies pneumococciques, le taux en anticorps antipneumococciques corrélé à une efficacité clinique démontrée a été retenu comme substitut de la mesure d'efficacité. En se fondant sur les résultats de trois études d'efficacité contrôlées réalisées avec le PCV7 aux États-Unis et en Afrique du Sud, le groupe de travail de l'OMS a établi un seuil de 0,35 microg/l comme étant la concentration protectrice minimale de vaccin pneumococcique conjugué pour chacun des sérotypes inclus dans le vaccin. C'est donc ce paramètre qui servira maintenant de comparateur pour les nouveaux vaccins. Des ajustements seront envisagés en fonction de la progression des connaissances à chaque étape de développement.
D'après un symposium des Laboratoires Wyeth au congrès de l'ESPID (European Society of Pediatric Infectious Diseases), à Graz (Autriche).
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