Pressé par la commission de contrôle des assurances de trouver un partenaire qui puisse lui permettre de continuer à fonctionner sans dommage pour ses sociétaires, le Sou Médical, la plus ancienne société de secours mutuelle du monde de la santé et de la responsabilité médicale, s'est donc tourné tout naturellement vers l'autre grand de ce secteur, la Mutuelle d'assurance du corps sanitaire français (MACSF).
Le problème semblait urgent à régler. Ce n'était pas tant le chiffre d'affaires du Sou qui préoccupait le monde de l'assurance et plus largement d'ailleurs les pouvoirs publics, puisque celui-ci était en hausse sensible en 2001, que les pertes liées aux indemnisations de plus en plus lourdes qui n'étaient en aucune façon compensées, selon des experts du monde de l'assurance, par des cotisations qui restaient en deçà de ce qu'elles auraient dû être.
Sou Médical et MACSF sont liées étroitement depuis un certain nombre d'années, puisqu'elles partagent, depuis trente-cinq ans, des affaires de coassurance et qu'elles participent ensemble à plusieurs affaires.
Pour autant, cette nouvelle alliance ne signifie pas fusion. Certes, la MACSF, en injectant 30 millions d'euros dans le Sou Médical, va prendre un ascendant certain dans la gestion du Sou. D'autant que Michel Dupuydauby, déjà directeur général de la MACSF, a été aussi nommé, par le conseil d'administration du Sou Médical, à la même fonction dans cette dernière société. L'emprise de la MACSF est donc forte. « Mais, en aucun cas, commente Michel Dupuydauby, cela ne signifie une fusion entre les deux sociétés. Chacune d'entre elles restera indépendante par rapport à l'autre. » Une indépendance quand même relative, lorsqu'on sait que, prochainement, ces deux sociétés vont se retrouver au sein d'une structure commune qu'elles vont mettre en place - la « société de groupement d'assureurs mutualistes » - dans laquelle la MACSF devrait être prépondérante.
Pas de fusion
Elu il y a quelques jours seulement à la présidence du Sou (alors qu'il n'en était que le vice-président), le Dr Pierre-Yves Gallard, sans vouloir apporter d'autres commentaires à cette opération, tient, lui aussi, à affirmer qu'il n'est pas question pour l'instant de fusion entre les deux sociétés, même si, dit-il, il y aura une coopération accrue.
Quelles conséquences pour les sociétaires du Sou ? Aucune, affirme très haut Michel Dupuydauby, « ils ne verront aucune différence dans le traitement qui leur était accordé hier et celui dont ils bénéficieront demain ».
Toutefois, un certain nombre de lecteurs du « Quotidien », qui ont eu connaissance de ce projet, expriment déjà leurs inquiétudes. « S'il y a des augmentations de cotisations, elles seraient surtout le fait des événements récents qui ont perturbé le monde de l'assurance, inquiet des procédures de plus en plus nombreuses et de plus en plus onéreuses », ajoute le désormais directeur général de la MACSF et du Sou Médical.
Pour Michel Dupuydauby, les difficultés du Sou Médical sont directement liées au problème, du moins en partie, de la responsabilité médicale, dont on voit les effets dans d'autres pays développés, comme les Etats-Unis, où une seule société d'assurance médicale subsiste. C'est aussi le cas de l'Australie, où, dit-il, la seule société d'assurance médicale qui demeurait a fait faillite.
Mais les problèmes du Sou Médical ne datent pas d'aujourd'hui et sont nés bien avant que n'apparaisse la crise liée à la responsabilité médicale. « C'est avant tout un problème de gestion qui est à l'origine des difficultés », révèle un assureur extérieur au monde médical, mais qui le connaît bien.
Il est certain que la MACSF, réputée pour sa gestion rigoureuse, ne laissera pas se reproduire les mêmes erreurs. D'où, sans doute, la nomination de Michel Dupuydauby au poste stratégique de directeur général du Sou Médical.
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