L’ORDRE DÉPARTEMENTAL a beau lui conseiller, pour son bien, de préférer le salariat à l’exercice libéral, la jeune thésée y tient : elle sera « médecin de campagne ». Malade ou pas... Elle ne reviendra pas sur son choix pour « des histoires d’argent et des soucis administratifs avec la CARMF ». Une volonté de pratique libérale que peu de jeunes généralistes partagent à l’heure actuelle et qui risque de lui coûter cher.
Double peine.
Les déboires du Dr X – qui préfère conserver l’anonymat – commencent au lendemain de sa thèse, soutenue fin 2012. « Comme tout médecin thésé, j’ai fait ma demande d’affiliation à la CARMF, raconte-t-elle au « Quotidien ». J’ai déclaré souffrir d’une maladie chronique depuis deux ans. Cette pathologie m’impose des échéances tous les six mois mais ne m’empêche pas de travailler ». Elle assure actuellement des remplacements et compte s’installer « fin 2013 ». Mais la double peine maladie/délai de carence, bien qu’hypothétique, risque de contrarier ses plans de carrière.
Cette pathologie, grave, aucune institution de prévoyance n’a accepté de la prendre en charge. Après une dizaine de tentatives infructueuses auprès d’organismes complémentaires, la jeune femme compte donc sur la CARMF, qui propose en plus de la retraite de gérer le régime invalidité décès des médecins. Mais là encore, elle se heurte à un mur administratif. En cas d’arrêt maladie – dû à cette pathologie – pendant les deux premières années de cotisation, le Dr X ne recevra aucune indemnité journalière (IJ). Entre le 9e et le 15e trimestre de cotisations, elle en percevra un tiers du montant des IJ ; entre le 16e et le 24e trimestre, deux tiers. Après cette longue période, elle pourra enfin bénéficier de la totalité des IJ.
REAGJIR monte au front.
Pourquoi une telle carence ? « Nous appliquons la loi, explique la CARMF. Si ce médecin avait cotisé à un régime obligatoire d’invalidité avant sa demande d’affiliation à notre caisse, nous aurions comptabilisé ses trimestres pour réduire peu à peu le délai de deux ans. Faute de cotisation antérieure, c’est impossible d’obtenir des droits à indemnisation sans carence ».
Acculée, le Dr X a fait appel à RÉAGJIR, syndicat de jeunes généralistes et remplaçants. « La cotisation CARMF, obligatoire car fondée sur un système de solidarité, représente 13 % de nos revenus annuels. Or, cette jeune généraliste, malade, cotise mais n’a droit à rien. C’est proprement scandaleux ! », s’indigne Bérengère Crochemore, porte-parole du syndicat.
REAGJIR compte aborder le sujet lors de ses prochaines rencontres nationales, les 22 et 23 mars. « Nous voulons lever la carence de deux ans ou avoir la possibilité de stopper des cotisations inutiles, comme l’autorisent les complémentaires santé », ajoute Bérengère Crochemore. Un discours qui agace la CARMF : « Nous offrons la possibilité de souscrire à un contrat prévoyance, ce que peu de caisses font, mais nous ne sommes pas une compagnie d’assurance ».
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