Congrès-Hebdo
La coloscopie est l'examen clé de la prévention du cancer colo-rectal, premier cancer en fréquence et deuxième par son taux de mortalité (16 000 morts par an). Selon les enquêtes prospectives de la Société française d'endoscopie digestive (SFED) menées depuis 1998, la coloscopie permet d'enlever 492 000 polypes par an, dont 64 % sont des adénomes, et de diagnostiquer 33 000 tumeurs malignes colo-rectales par an. En 2001, 831 000 coloscopies ont été pratiquées, soit 7,8 % de moins qu'en 2000. La coloscopie totale est réalisée avec succès dans 95 % des cas. Ses échecs sont dus à des difficultés techniques (30 %), une préparation insuffisante (33 %), des obstacles néoplasiques infranchissables (30 %) et des causes diverses (7 %). Ses principales indications sont : les rectorragies (22 %), les antécédents familiaux de cancer colo-rectal au premier degré ou d'adénome colique et recherche de sang dans les selles positive (20 %), la surveillance après polypectomie (13 %), la surveillance après cancer du côlon opéré (10 %), une diarrhée chronique ou aiguë (9 %), des troubles du transit et des douleurs abdominales (30 %). Dans 96 % des cas, la coloscopie est réalisée sur un plateau technique lourd, autonome, à l'intérieur ou à l'extérieur de centres hospitaliers privés ou publics. La fréquence des complications et de 6 pour 1 000 examens : perforations (1,4 pour 1 000), hémorragies (2,1 pour 1 000) et complications diverses (2 pour 1 000). Dans la quasi-totalité des cas, les complications hémorragiques sont traitées par la mise en place d'un clip hémostatique ou l'injection d'un vasoconstricteur (adrénaline).
La SFED souhaite mettre en place une charte de qualité afin que la coloscopie puisse être réalisée dans des conditions optimales. A commencer par la qualité de la formation initiale du gastro-entérologue (sur des modèles animaux et des robots) et du personnel paramédical, avec notamment une formation spécifique à l'endoscopie pour les aides endoscopistes. Ces formations doivent être validées et reconnues. L'information délivrée au patient par le gastro-entérologue doit être de qualité. Le médecin garde une attestation écrite prouvant qu'il a fourni cette information. La préparation orale à la coloscopie doit être rigoureuse pour diminuer le pourcentage d'échecs qui lui sont attribués (1/3). Une sédation ou une anesthésie générale doit être mise à disposition de tous les patients : 95 % des coloscopies sont pratiquées sous anesthésie contre 5 % sans, en raison de l'absence ou la non-disponibilité du médecin anesthésiste. La coloscopie doit être pratiquée dans des conditions de sécurité maximales. L'utilisation d'un vidéo-endoscope électronique permet une meilleure vision des lésions et de réaliser des documents iconographiques. Le matériel doit être complet, comprenant notamment des clips d'hémostase à usage unique, des anses largables, des aiguilles à injection, des anses diathermiques ainsi que des colorants. Le nettoyage, la désinfection et le stockage du matériel doivent être rigoureux afin d'éviter de transmettre toute infection nosocomiale. Le plateau technique d'endoscopie fonctionne de manière autonome. La durée minimale de la coloscopie doit être de 20 minutes, temps minimal incompressible permettant d'aller jusqu'au bas-fond cæcal et de revenir en visualisant bien les angles, la charnière recto-sigmoïdienne et l'ampoule rectale, afin de ne pas méconnaître des lésions superficielles. La surveillance du patient doit être de qualité pendant et après la coloscopie, assurée par un anesthésiste-réanimateur. Enfin, le compte-rendu doit être immédiat et complet, accompagné de documents iconographiques et d'indications pour le suivi du patient. Ainsi, la qualité du matériel et la qualité de la pratique de l'endoscopie doivent permettre de mettre en évidence les adénomes plans à la limite de la visibilité.
D'après un entretien avec le Dr Jean-Marc Canard, secrétaire général de la Société française d'endoscopie digestive, clinique du Trocadéro et hôpital européen Georges-Pompidou, Paris.
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