Un quart des effets indésirables graves rapportés chez les utilisateurs d’antihypertenseurs correspondent à une association avec des anti-inflammatoires non stéroïdiens (aspirine, ibuprofène…) selon l’analyse des données françaises de pharmacovigilance réalisée par l’Unité Inserm 1027 de la Faculté de médecine de Toulouse. Ces effets délètères concerne en priorité les bloqueurs du système rénine angiotensine aldostérone, IEC, ARA II et les diurétiques.
Les AINS ont en effet tendance à faire augmenter la pression artérielle et à diminuer l’efficacité des antihypertenseurs : deux bonnes raison pour éviter leur utilisation en assocation aux anti-HTA.
Entre le 1er janvier 2008 et le 31 décembre 2010, 11 442 notifications d’effets secondaires concernant la prise d’antihypertenseurs ont été rapportées par les 31 centre régionaux appartenant au réseau national de pharmacovigilance ; 517 (4, 5 %) rapportaient l’association concomitante d’AINS et, dans 2 cas, la prise de deux AINS. Parmi ces 517 cas, 125 pouvaient être attribués directement à une interaction pharmacologique entre les deux traitements. Dans 17 cas, il s’agissait d’événements cardiovasculaires cliniques : 7 cas d’insuffisances cardiaques, 4 infarctus, 4 poussées hypertensives et 2 AVC ; 116 cas étaient des effets secondaires biochimiques à type d’hyperkaliémie ou d’insuffisance rénale aiguë (105).
Attention aux sujets âgés déshydratés
L’exposition aux AINS chez les utilisateurs d’antihypertenseurs apparait toutefois relativement faible, 4,5 % de la population. « Un taux assez bas » reconnaissent les auteurs dans leur discussion. « Il faut pondérer ces résultats par la réalité clinique, explique de son côté le Pr Xavier Girerd (Pitié Salpêtrière, Paris). Nous connaissons depuis 40 ans le risque d’interaction médicamenteuse entre AINS et IEC ou ARA II. Soixante-dix pour cent des 12 millions d’ordonnances pour hypertension artérielle contiennent au moins un bloqueur du système rénine angiotensine aldostérone, et 70 % sont destinées à des sujets âgés de plus de 60 ans qui prennent aussi ce type d’antalgie. C’est dire l’ampleur potentielle du phénomène qui est pourtant très rare en pratique clinique. Toutefois, comme nous l’avons mentionné dans nos recommandations, il faut être attentif à cette coprescription, bloqueurs du SRA et AINS, dans deux sitiations bien précises, chez les sujets âgés et déshydratés. Ces deux circonstances sont à risque ».
Dans cette anlayse, il s’agit plutôt de femmes de la soixantaine : « Il existe peut être chez ces personnes une banalisation de la prise d’antiinflammatoires librement accessibles en pharmacie, comme l’ibuprofène. Ces données incitent donc à sensibiliser les patients traités par antihypertenseurs notamment ceux présentant une insufisance rénale chronique ou cardiaque " a précisé Maryse Lapeyre Mestre, coauteur de ce travail publié dans Fundamental & Clinical Pharmacology.
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