Inzinzac-Lochrist (56)
Dr Sylvain Dauguet
Ceci est une réponse au Dr Jean-Paul Bacquet, député.
Dans « le Quotidien du Médecin » du 13 juin 2012, vous déclarez : « Les médecins sont redevables envers la communauté, envers le patient et les contribuables qui ont payé leurs études… » Ce thème de la formation du médecin qui coûte cher à la nation n’a que trop duré !
Si quelqu’un a payé mes études, ce sont en premier lieu mes parents, ou plutôt ma mère, agricultrice, devenue veuve lors de ma première année et qui a financé seule mon cursus.
Dans toute formation, ce qui coûte cher à la nation, c’est l’échec ou la fuite des cerveaux, car dans ces deux cas, la formation a été dispensée et la valeur ajoutée n’est pas au rendez-vous.
Or les médecins ont tous réussi leur formation.
Vous savez très bien, cher confrère que la formation d’un médecin est universitaire et qu’elle sélectionne dès l’entrée. La quasi-totalité des sélectionnés en première année sort diplômée, obtient son Doctorat, pour un taux de chômage quasi nul et sans fuite des cerveaux vers l’étranger.
S’ajoute à ce bilan, jalousé par bien des filières de formation, un équivalent de service civil de la 7e à la 8e année où l’interne, tout en se formant, participe largement au fonctionnement des hôpitaux de France.
NON, former un docteur en médecine, qu’il soit chercheur ou praticien de terrain ne coûte pas cher. Car, enfin, a-t-on parlé du service rendu par les médecins ?
L’allongement de l’espérance de vie, au point de repousser l’âge de la retraite, l’amélioration de la qualité de vie, les progrès en périnatalité, en thérapeutique, en prévention, l’amélioration de la santé au travail, l’attachement toujours renouvelé des familles à leur médecin de terrain, à son dévouement et à ces compétences… : tous ces résultats nous sont dûs, à nous, médecins.
Certains semblent ne considérer que le coût, sans vouloir considérer les résultats et « la valeur ajoutée à la Nation » par les médecins.
Le médecin, cher confrère, ne se sent redevable que de la qualité des soins qu’il tente chaque jour d’apporter au patient qui lui fait confiance.
Assez de ces petits sous-entendus !
Droit dans le mur !
Bernières-sur-Mer (14)
Dr François Chéenne
Je suis tout à fait d’accord avec le constat fait par « le Quotidien » dans un article intitulé « Ces tâches qui compliquent la vôtre ; l’activité médicale grignotée » (édition du 2 avril).
Peu de patients savent que le nombre de suicides chez les médecins est comparable, la même année, et pour un effectif voisin, au nombre de suicides chez France Télécom. Je suis particulièrement inquiet à propos de nos jeunes confrères et de nos jeunes patients. J’ai 57 ans, 31 ans d’installation et je parle des 30-35 ans.
Cette génération n’a connu que le rythme d’échanges inauguré (ou symbolisé) par Internet. Ma génération a la chance d’avoir commencé à exercer sans cette pression permanente, et nous pouvons aménager notre temps pour essayer de nous approcher à nouveau de ce rythme adapté à l’être humain.
Chez nos enfants, le tourbillon actuel est considéré comme normal car il est le seul connu d’eux. Inévitablement, toute baisse d’efficacité entraîne sentiments de culpabilisation et de dévalorisation, quelquefois (de plus en plus souvent) burn-out. Nous ne pouvons aller que droit dans le mur si nous n’en prenons pas conscience. Le rythme actuel de notre vie n’est pas humain.
J’ai récemment mis une affiche dans ma salle d’attente. Intitulée « Ne demandez pas l’impossible à votre médecin », expliquant ce que ce dernier « peut » ou « ne peut pas faire » au cours de la consultation. Elle fait réagir la patientèle !
Morceaux choisis :
- Votre médecin peut « parler avec vous du sujet pour lequel vous êtes venu le voir, vous examiner consciencieusement, vous prescrire éventuellement des examens complémentaires et un traitement médical, rédiger le cas échéant 1 ou 2 ordonnances annexes ».
- Votre médecin ne peut pas « réaliser l’infiltration proposée il y a 6 mois, et que vous avez décidé de demander, là, maintenant », ni « voir en plus un ou deux enfants », ni « rédiger une lettre pour le dermatologue à propos de 2 verrues », ni « prendre connaissance des résultats biologiques de votre conjoint, les commenter et lui prescrire un traitement adapté »...
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