Après le mouvement des « sacrifiés » qui a recueilli en moins d’un mois 500 000 pétitionnaires pour défendre les artisans, la mayonnaise va-t-elle prendre parmi les libéraux « asphyxiés » ? Michel Chassang, qui va quitter l’an prochain la CSMF pour se consacrer à plein temps à l’UNAPL, espère bien en tout cas réussir à fédérer la grogne montante de ces 750 000 professionnels. À cette fin, il a déclenché cette semaine la mobilisation générale avec distribution d’affichettes dans les salles d’attente et pétitions. Prudent, le nouveau leader des libéraux n’appelle à aucune manif d’ampleur car il sait d’expérience combien il est hasardeux de faire descendre dans la rue, les médecins, les pharmaciens ou les avocats… En revanche, si ce coup de semonce ne devait pas suffire, il menace déjà de grèves et fermetures dans le secteur.
À l’origine de cette mobilisation générale, on retrouve tous les ingrédients évoqués la semaine dernière dans ces colonnes. Echaudés par un projet de loi de finances qui risque de faire bondir les taux de l’ex-taxe pro dans les communes dès l’an prochain, les professions libérales craignent aussi d’être les dindons de la farce du chantier de refonte de la fiscalité voulue par Jean-Marc Ayrault. Enfin, la mise sous tutelle de la CNAVPL organisée par la réforme des retraites suscite les pires craintes sur le sort des 21 milliards d’euros de réserve patiemment amassés par les caisses de retraites des libéraux. Un trésor de guerre, qui en dépit des dénégations du gouvernement, attise évidemment toutes les convoitises…
CFE, CSG, CNAVPL… Il y a dans ce cocktail explosif de quoi réveiller les plus notables et les plus assoupis du secteur. Et, pourtant, organiser la riposte au sein d’un tissu professionnel aussi disparate relève de la quadrature du cercle. Michel Chassang a eu douze ans pour méditer à la Conf’ sur la difficulté de faire marcher ensemble généralistes et spécialistes. Il s’attaque désormais à bien plus compliqué. Quoi de commun, en effet, entre une infirmière qui travaille seule et tire parfois le diable par la queue et un notaire qui compte souvent plusieurs dizaines de salariés et pantoufle au sommet de l’échelle sociale ? La défense du secteur se corse du fait de la mauvaise entente de ses dirigeants. On peut ainsi se demander si la mise sous tutelle de la CARMF par le gouvernement n’a pas été facilitée par l’empoignade publique Chassang-Maudrux de ces derniers mois. Ces deux-là, c’est sûr, ne partiront pas en vacances ensemble. Mais ils pourraient se retrouver au purgatoire…
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