De notre correspondante
à New York
LE FOOTBALL FEMININ est l'un des sports d'équipe à croissance la plus rapide aux Etats-Unis et ailleurs, en particulier sur les campus universitaires ; un revers de cet engouement est le risque trois ou quatre fois plus élevé de rupture du ligament croisé antérieur du genou chez ces jeunes joueuses, comparées à leurs homologues masculins.
La rupture du ligament croisé antérieur du genou est liée à l'activité sportive dans 85 % des cas (football, ski, rugby, handball, etc.). Comme trop de sportifs le savent, cette rupture déclenche une douleur immédiate, avec gonflement du genou, et suscite par la suite la crainte continuelle d'un dérobement soudain du genou. Le traitement chirurgical (devenu fiable depuis plus de quinze ans) et la kinésithérapie ont une place essentielle afin de stabiliser le genou, notamment chez le sportif.
Une étude suédoise procure une preuve incontestable du risque sérieux d'arthrose du genou et des conséquences à long terme potentiellement invalidantes qu'encourent les jeunes femmes athlètes à la suite d'une rupture du LCA.
L'étude, conduite par des chercheurs de l'hôpital universitaire de Lund, et soutenue en partie par la fédération suédoise du football, a été menée chez
103 footballeuses, âgées de
26 à 40 ans, qui, douze ans auparavant, avaient eu la malchance de s'être rompu le LCA, lorsqu'elles avaient entre 14 et 26 ans.
Radiographie du genou et questionnaire douze ans après.
Chaque femme consentit à subir une radiographie du genou et chacune répondit à un questionnaire destiné à évaluer la qualité de vie par rapport au genou.
Les résultats sont alarmants. Résultat : il apparaît que plus de la moitié des femmes ont une arthrose du genou, accompagnée de douleurs persistantes et d'une gêne fonctionnelle. Plus troublant encore est que ce risque élevé survient bien que 60 % des joueuses aient subi une reconstruction chirurgicale du ligament peu après la rupture.
En utilisant plusieurs analyses, les chercheurs ont constaté que la reconstruction chirurgicale n'a pas d'impact significatif sur la douleur du genou ou les symptômes invalidants. Les techniques chirurgicales utilisées aujourd'hui pour ce type de reconstruction pourraient bien être plus efficaces pour prévenir l'arthrose, mais cela n'a pas encore été prouvé.
Comme le souligne le Dr Lohmander, principal investigateur de cette étude, les implications futures pour ces femmes sont sérieuses. « Pour bon nombre de ces femmes, on peut s'attendre que le processus de la maladie évolue au fil du temps, et que survienne avant l'âge de 50 ans le besoin d'une ostéotomie ou d'une arthroplastie du genou. » L'arthroplastie à un jeune âge n'est pas sans risque, ajoute-t-il, en outre. « Bien que la pose d'une prothèse puisse constituer un traitement efficace de l'arthrose du genou, le risque d'un descellement aseptique de prothèse et d'une révision est plus de trois fois supérieur chez les patients opérés avant l'âge de 65 ans qu'après 75 ans ».
Mieux prévenir et mieux traiter.
Ces résultats plaident donc fortement pour améliorer les efforts visant à prévenir ou mieux traiter la rupture de ce ligament. « Des études contrôlées randomisées sont nécessaires afin de mettre en comparaison le meilleur traitement non chirurgical et les différentes techniques chirurgicales et protocoles de réhabilitation », estime l'auteur.
« Arthritis & Rheumatism », http://www.interscience.wiley.com/journal/arthritis
8 octobre 2004.
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