Tous les laits pour nourrissons - de moins de 4 mois- ne sont pas équivalents. Plutôt que de se fier aux allégations, le Dr Jean-Pierre Chouraqui préconise que le médecin suive un raisonnement scientifique.
« L’important est avant tout de bien identifier le problème. N’est-ce pas plutôt un mal vécu par la mère désemparée face aux discours incohérents sur les régurgitations, les histoires de clapet qui ne fonctionne pas. C’est ensuite de vérifier ce que l’enfant consomme préalablement, et avant d’en prescrire un autre d’en préciser la finalité : augmenter la satiété, diminuer les régurgitations ? Dans ce dernier cas, il suffit d’augmenter le taux de caséine. Pour faciliter le transit, il faut plutôt réduire la teneur en caséine et augmenter celle en lactose. Et si ce sont les pleurs qui dérangent, il faut savoir que le lait est rarement en cause. En cas de météorisme abdominal, on peut imaginer une fermentation du lactose et donc en réduire la teneur, c’est néanmoins relativement rare. Le météorisme peut tout aussi être dû aux pleurs, entraînant un certain degré d’aérophagie. Un bébé avec une tétine en permanence avale aussi beaucoup d’air. Ca n’est donc pas en variant les laits que l’on va résoudre le problème et rassurer la mère. Bien au contraire ! Une valse des laits, inefficace, augmentera l’inquiétude maternelle et le sentiment que son enfant est réellement malade ! En règle générale un enfant change deux à trois fois de lait, souvent sans raison médico-nutritionnelle. On crée de ce fait des pathologies, certains ont bu tellement de lait différents qu’ils refusent d’en consommer et se trouvent en dettes caloriques avec des croissances inquiétantes. Bien souvent, tout rentre dans l’ordre lorsqu’on revient à un lait normal. La directive européennes régit les laits HA et mentionne que toute allégation médicale doit être justifiée par au moins deux études de puissance statistique satisfaisante et bien conduites. Cela n’est aujourd’hui pas le cas, par exemple les coliques du nourrisson ne correspondent à rien. Ca n’est pas une entité mais un syndrome fourre-tout, où l’on classe des enfants qui pleurent beaucoup, alors que les études prouvent que la raison principale est l’anxiété maternelle. Pour remédier à ces coliques, en étudiant la littérature on s’aperçoit que les tisanes, les changements de lait, l’eau sucrée y parviennent tout aussi bien que des simples conseils aux mères comme d’arrêter de s’inquiéter ou de s’occuper sans arrêt de leur enfant qui pleure. Quant aux allégations « Transit », « Confort », « Digest », elles échappent à la réglementation car elles ne sont pas d’ordre médical.»
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