«ON CONNAÎT de mieux en mieux les sites et les modes d'action de la nouvelle classe pharmacothérapeutique des antagonistes des CB1», a indiqué Uberto Pagotto (Bologne, Italie). Ils agissent au niveau de l'hypothalamus, avec une diminution des prises alimentaires et une augmentation du métabolisme énergétique ; effets en faveur d'une réduction pondérale et du périmètre abdominal. Ils augmentent la production d'adiponectine et la lipolyse au niveau des adipocytes, avec, pour conséquence, d'améliorer la dyslipidémie et l'insulinorésistance. Au niveau du muscle, ils favorisent la captation du glucose sous l'influence de l'insuline et augmentent l'oxydation des acides gras, améliorant ainsi l'insulinosensibilité. Enfin, au niveau du foie, ils diminuent les enzymes impliqués dans la synthèse des acides gras ; ils augmentent les dépenses énergétiques, améliorent la dyslipidémie, diminuent l'insulinorésistance et la stéatose hépatique.
«L'ensemble de ces effets en fait des médicaments fort intéressants chez les patients obèses et diabétiques», a estimé Priscilla Hollander (Dallas, États-Unis). En effet, le rimonabant a fait l'objet de nombreux travaux, notamment chez les patients diabétiques de type 2 et obèses ou en surpoids : étude RIO-diabetes (rimonabant versus placebo chez des patients diabétiques déjà traités par metformine), étude SERENADE (rimonabant versus placebo chez des patients diabétiques naïfs de traitement) et étude ARPEGGIO (rimonabant versus placebo chez des patients diabétiques traités par insuline) dont les résultats viennent d'être communiqués à San Francisco.
Dans l'étude RIO-diabetes, la baisse de l'HbA1c dans le groupe rimonabant par rapport au groupe placebo était de 0,7 %, la réduction pondérale de 3,9 kg et la réduction de la glycémie à jeun de 0,97 mmol/l. Dans l'étude SERENADE, la réduction de l'HbA1c (par rapport au placebo) était de 0,51 %, la réduction pondérale de 3,9 kg et celle de la glycémie à jeun de 0,8 mmol/l.
Une baisse de 0,89 % de l'HbA1c.
ARPEGGIO est une étude multicentrique, randomisée et contrôlée, en double aveugle, comportant deux groupes de traitement parallèles recevant soit 20 mg par jour de rimonabant, soit un placebo. Trois cent soixante-huit patients diabétiques de type 2, traités par insuline (au moins 30 U/jour depuis au moins trois mois) et insuffisamment contrôlés par le traitement (HbA1c > 7 %), ont été inclus (181 dans le groupe rimonabant et 187 dans le groupe placebo). L'IMC moyen était de 34,6 kg/m2. Le principal objectif de l'étude était d'évaluer l'effet du rimonabant sur le taux d'HbA1c pendant une période de quarante-huit semaines ; les objectifs secondaires concernaient le poids, le tour de taille, les lipides, la glycémie et la tolérance.
Ainsi, au terme de l'étude, les auteurs ont constaté une baisse de l'HbA1c de 0,89 % par rapport au taux de départ dans le groupe rimonabant, correspondant à une réduction de 0,64 % par rapport au groupe témoin (p < 0,0001). Le rimonabant a permis de tripler le nombre de patients ayant atteint l'objectif recommandé, avec un taux d'HbA1c inférieur ou égal à 7 % (18,4 % vs 6,75 %, p = 0,0012), de diminuer significativement la glycémie à jeun par rapport au groupe témoin (– 0,88 mmol/l par rapport au placebo, p = 0,0193) et de réduire le poids par rapport au placebo (– 2,56 kg, p < 0,0001).
Les patients ayant pu réduire la dose journalière d'insuline de plus de 10 % ont été plus nombreux dans le groupe rimonabant que dans le groupe placebo (16,8 % vs 5,8 %, p < 0,0012), et il y a eu moins d'ajout d'insuline (14 % vs 34,9 %, p < 0,0001). Le taux de triglycéride a baissé de 4 % dans le groupe rimonabant et s'est élevé de 7,6 % dans le groupe placebo (p = 0,02) ; tandis que celui de HDL cholestérol s'est élevé de 3,1 % dans le groupe rimonabant et a baissé de 7,1 % dans le groupe témoin (p < 0,0001).
Le profil de tolérance du rimonabant a été conforme à celui observé dans les études antérieures. Il y a eu dans le groupe rimonabant davantage de troubles digestifs (nausées 11 % vs 1,6 %, diarrhée 7,3 % vs 6,4 %) et de troubles psychiques (anxiété 14 % vs 4,3 %, humeur dépressive 10,1 % vs 4,3 %), mais il n'y a pas eu plus d'effets indésirables graves.
ARPEGGIO fait partie du programme de phase III B évaluant l'intérêt du rimonabant dans la prise en charge du diabète de type 2 et des maladies cardio-vasculaires.
D'après la communication orale de Priscilla Hollander (Dallas, Texas) sur les résultats de l'étude ARPEGGIO et les communications de Uberto Pagotto (Bologne, Italie) et de Priscilla Hollander, au cours du symposium « Controverses sur la “diabésité” » parrainé par sanofi-aventis.
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