THEATRE
PAR ARMELLE HELIOT
Ce qui retient, dans cette production placée sous le signe d'un hommage au « patron » Louis Jouvet mort le 16 août 1951, comme toujours dans un spectacle de Jacques Lassalle, c'est la direction d'acteurs. Il aime Molière. Il l'a souvent monté. Il aime les valets et donne une belle vivacité au couple Georgette (Cécile Bouillot)/ Alain (Vincent Garranger). Lassalle aime cette part vive du théâtre de Molière. Mais il aime aussi la complexité de Molière et s'interroge en toute franchise sur les motivations profondes d'Arnolphe, sur les sentiments qui l'ont saisi lorsque, treize ans plus tôt, il s'est, littéralement, acheté une petite fille...
Rien ne pèse. C'est la pièce, subtilement éclairée. Il suffit d'écouter et de suivre les atermoiements douloureux de celui qui a choisi une double identité, celle même qui engendre les plus délicieux, cocasses ou cruels rebondissements de la comédie, privée ici des scènes des maximes (coupes attribuées à Molière lui-même) et curieusement accompagnée des accents enlevés ou déchirants de Charlie Mingus.
Jacques Lassalle est un maître de la direction d'acteurs et chacun, ici, est merveilleusement guidé. Le couple des amoureux, deux élèves du metteur en scène au Conservatoire, ont en partage la vivacité et la fraîcheur, un métier sûr déjà. Pascal Rénéric est un Horace très attachant, d'un courage moral solide face à une Agnès tendre, forte, fûtée, très bien dessinée par Caroline Piette. Chrysalde (Eric Hamm), Oronte (François Macherey), Enrique et le notaire (Bernard Spiegel) complètent avec précision et talent la distribution tout entière organisée autour de la figure troublante d'Olivier Perrier, qui fut le bondissant Sganarelle des farces de Molière montées il y a quelques années par Jacques Lassalle. Perrier, physiquement aussi solide que vulnérable, est un Arnolphe opaque, presqu'inquiétant parfois, qui laisse sourdre on ne sait quoi de malin et de mélancolique à la fois, comme un être qui tenterait de dissimuler qu'il est un scélérat, et que la profondeur de sa douleur, paradoxalement, rachète.
Théâtre de l'Athénée, à 19 heures le mardi, à 20 heures du marcredi au samedi, à 16 heures le dimanche. Durée : 2 h 15 sans entracte (01.53.05.19.19). Jusqu'au 10 novembre.
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