Les mois passent et, malgré une certaine lassitude, le mouvement de grève des visites à domicile lancé en juin dernier à Sedan se poursuit dans les Ardennes (08) pour protester contre la rémunération jugée très insuffisante de cet acte (mais aussi du C).
Selon le pointage de la CSMF des Ardennes, « environ 120 généralistes » participent au conflit. Ils ne se déplacent au domicile des patients qu'en cas de nécessité médicale flagrante ou sur appel du centre 15 (ce qui justifie l'application d'une majoration d'honoraires spéciale, le MU) et ils refusent toutes les visites « injustifiées » (quand le patient a la possibilité de se rendre au cabinet médical). « Malgré les lettres d'intimidation et le harcèlement de la caisse (primaire des Ardennes), on continue », affirme le Dr Elisabeth Rousselot, présidente de la CSMF 08. Pour la caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM) des Ardennes, en revanche, le mouvement s'essouffle. « Le pic du conflit a été atteint en juillet et en août, assure Patrice Héraud, directeur adjoint de la caisse. A la mi-septembre, une cinquantaine de médecins étaient encore impliqués. Le mouvement a tendance à s'étioler. Des généralistes nous ont écrit pour dire qu'ils se désengageaient et le nombre des majorations d'urgence présentées à l'assurance-maladie est en baisse.»
Les Drs Claude Maffioli et Michel Chassang, respectivement président de la CSMF et de l'UNOF (branche généralistes de la CSMF) se sont déplacés à Charleville afin d'encourager les « grévistes » et de stimuler le mouvement. « Leur venue a regonflé le moral des troupes alors qu'on ne voit toujours rien venir en ce qui concerne les augmentations d'honoraires », résume le
Dr Rousselot.
Ce déplacement intervenait dans un contexte de regain de tension syndicale sur la question des honoraires des généralistes. L'UNOF a déposé un préavis de grève illimité des gardes de nuit à partir du 15 novembre prochain et, dans l'immédiat, a appelé les généralistes à ne plus effectuer de visite à 135 F et à utiliser largement la procédure du DE (dépassement d'honoraires pour circonstances exceptionnelles de temps ou de lieu dues à une exigence particulière du malade).
Riposte de la CPAM
De son côté, la CPAM des Ardennes a riposté à cette guérilla locale sur les visites. « La solution que vous avez retenue et que vous proposez aujourd'hui à vos confrères ne respecte pas la réglementation en vigueur », écrivait dès juillet Gilbert Pecouil, directeur de la CPAM des Ardennes, à la présidente de la CSMF 08, proposant « une rencontre » pour régler le problème des visites qui ne se justifient pas médicalement. Début octobre, le ton de la caisse est monté d'un cran en réaction à la pratique des médecins grévistes consistant à renvoyer systématiquement les patients qui les appellent vers le centre 15 afin que ce dernier sollicite leur intervention. Le directeur de la CPAM affirme dans un courrier adressé à la CSMF 08 que 45 % des majorations d'urgence (MU) facturées par « les principaux participants au mouvement » (13 généralistes) sont « injustifiées ». La CPAM a mis en garde plusieurs médecins après avoir constaté « des cas répétés d'utilisation abusive de la majoration d'urgence » et une trentaine d'indus ont été notifiés.
Quant à MG-France, l'autre syndicat principal de généralistes, il se montre localement très critique devant la grève des visites. Tout en soulignant la nécessité de réévaluer les actes, le Dr René Ficquet, président de MG 08, estime qu'il s'agit là d'un « conflit ringard » et refuse de s'associer à cette « médecine de tranchées ».
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