EN 1562, JEUNE peintre italien, Arcimboldo est appelé à la cour de Vienne par l'empereur Maximilien, après avoir travaillé avec son père – artiste et spécialiste du vitrail – à la rénovation de la cathédrale de Milan. Il restera à la cour des Habsbourg pendant vingt-cinq ans et sera à la fois portraitiste de la famille impériale, organisateur de fêtes princières, dessinateur de costumes et de décors, inventeur de jeux d'eau, conseiller artistique, illustrateur de sujets végétaux et animaux pour de grands scientifiques et en charge d'enrichir les Wunderkammer, cabinets d'art et de curiosités des empereurs, remplis de spécimens rares et étranges de la faune et de la flore.
L'exposition du musée du Luxembourg nous offre un remarquable aperçu de la personnalité du peintre dans toute sa variété.
D'abord les oeuvres de ses débuts, d'inspiration biblique, les premiers portraits qu'il fit de Ferdinand Ier et de son successeur Maximilien II de Habsbourg, des études à la plume, des illustrations…
Mais ce sont évidemment les célèbres représentations anamorphiques d'Arcimboldo qui dominent l'exposition, ces visages humains bien connus, composés de fruits, de fleurs, de légumes, d'oiseaux, de poissons, de livres même, que Roland Barthes appelait des «têtes composées monstrueuses».
Plusieurs versions de chaque saison permettent de comparer l'évolution de l'oeuvre. On retrouve avec bonheur ces compositions allégoriques, à la fois étranges et gracieuses, pleines d'ingéniosité : la physionomie menaçante de « l'Hiver », couvert de branches mortes et de racines ; « l'Eté » et son visage avenant, au teint de pêche ; mais aussi l'étonnant portrait de « l'Eau », tête recouverte de batraciens et autres monstres marins, ou encore le sublime et réjouissant « Vertumne », qui cache le portrait de Rodolphe II (le fils de Maximilien).
Arcimboldo est l'un de ces génies singuliers qui ont une place à part dans l'histoire de l'art pour avoir développé un imaginaire très personnel, en l'occurrence des compositions fantastiques, magiques, allégoriques, qui trompent l'oeil et le réel avec une virtuosité éblouissante. C'est ce qui explique la séduction qu'il a opérée sur les surréalistes et sur de nombreux peintres contemporains. On aurait tort cependant de réduire son oeuvre à sa dimension anecdotique. Ce coloriste inspiré, dessinateur subtil, est l'un des grands artistes de la Renaissance.
Musée du Luxembourg, 19, rue de Vaugirard, Paris 6e. Tlj de 10 h 30 à 19 h (lun., ven. et sam. jusqu'à 22 h ; dim. de 9 h à 19 h). Entrée : 11 euros (TR : 9 euros). Tél. 01.45.44.12.90. www.museeduluxembourg.fr Jusqu'au 13 janvier 2008. Catalogue, coédition sVo et Skira, 300 p., 35 euros.
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