AU LENDEMAIN de la remise du rapport consensuel du Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance-maladie, tout le monde s'accorde pour n'y voir qu'une première étape plus facile que les suivantes.
Du côté des médecins libéraux, la Confédération des syndicats médicaux français (Csmf) « se félicite » du rapport et relève aussitôt que « le plus dur reste à faire », notamment la négociation d' « un traitement approprié pour sauver l'assurance-maladie du naufrage ». La Csmf annonce qu'elle y participera « activement », « dans un esprit constructif, mais avec fermeté dans ses convictions » et qu'elle présentera ses « lignes politiques » à l'issue de son conseil confédéral du 21 février.
Le président de MG-France voit surtout deux « éléments positifs » : « La prise en compte de l'ensemble du système de soins » (ville et hôpital) et l'acceptation d'une « modulation du ticket modérateur, voire du reste à charge [après remboursement de la complémentaire santé, Ndlr] suivant les comportements » des assurés, comme pour la visite à domicile.
A la Fédération des médecins de France (FMF), le Dr Jean-Claude Régi est « surpris de voir tout le monde s'extasier sur la mission accomplie, alors que le constat, tout le monde l'avait ». « Maintenant, tout reste à faire », souligne aussi le président de la FMF, qui salue cependant « la manœuvre subtile du gouvernement » pour obtenir « une base consensuelle ».
Le Syndicat des médecins libéraux (SML) pense aussi qu'après ce « consensus attendu (...), les différences et les divergences resurgiront dès que les propositions concrètes seront abordées ». Le SML prévient que « les médecins sont prêts à prendre leur part de la responsabilisation » à condition d'avoir « les moyens de conclure des accords en partenariat avec un financement adapté ».
Le Dr Jean-Gabriel Brun, de l'Union collégiale des chirurgiens et spécialistes français (Uccsf-Alliance), regrette que le Haut Conseil « se défausse de toute comparaison entre hôpital et cliniques privées au motif qu'ils relèvent de deux échelles de tarification différentes ».
Modifier les comportements.
Quant au Syndicat national des jeunes médecins généralistes (Snjmg), il « appelle à la mobilisation » de sa base contre « toute remise en cause » de la liberté d'installation sur le territoire (évoquée par le rapport).
Dans le camp des partenaires sociaux, Guillaume Sarkozy, qui représentait le Medef au Haut Conseil, rejette d'emblée « une action sur les recettes, via la CSG », comme l'évoque le rapport, préférant agir sur le panier de soins. Soulignant la nécessité d' « une modification des comportements » de tous les acteurs, il suggère de responsabiliser les assurés sociaux grâce à une prise en charge des accidents de sports par les complémentaires et à une limitation du nomadisme médical et de la consommation de médicaments.
Les syndicats de salariés mettent tous en avant leur attachement aux principes de « solidarité » et d' « égalité » propres à la Sécu.
Gaby Bonnand, secrétaire national de la Cfdt, souhaite une concertation « approfondie » et revendique « notamment la généralisation de la couverture complémentaire » pour pallier les « inégalités d'accès aux soins de qualité ».
A la CGT, Daniel Prada note que « le consensus n'était pas gagné d'avance » et que le rapport « s'éloigne des pistes du Premier ministre qui excluait le recours à de nouvelles recettes ». La CGT rappelle à cet égard sa revendication relative à un nouveau « prélèvement sur les revenus financiers du capital ».
Pour FO, il n'est « pas question d'accepter une réforme aux forceps » (par voie d'ordonnances).
Pour la Cftc, l'amélioration du système garantissant l'égalité dans l'accès aux soins de qualité « oblige chaque acteur à davantage se responsabiliser ». Mais, nuance la Cftc, cette priorité donnée à l'amélioration du système de santé « ne doit pas pour autant occulter les efforts à accomplir pour retrouver un équilibre financier ».
La CFE-CGC se dit « d'accord pour réorganiser l'offre de soins, lutter contre la non-qualité (...), entrer dans les démarches d'évaluation des pratiques médicales et encadrer les conditions de remboursement ».
La Mutualité française (dont les mutuelles couvrent 36 millions de personnes) se « réjouit » que le Haut Conseil fasse aujourd'hui le constat « qu'elle fait publiquement depuis des années et qui est à l'origine des 25 mesures qu'elle propose pour rénover le système de santé » (propositions présentées lors de son congrès de Toulouse en juin 2003). Dans les discussions qui vont s'ouvrir, la Mutualité « ne ménagera ni son temps, ni son énergie, pour créer ce front indispensable au maintien d'un système de santé solidaire, accessible à tous, et prévilégiant en toutes circonstances la qualité des soins ».
enfin, la Fédération française des sociétés d'assurance (FFSA) « approuve le rapport et sa synthèse », car ils permettent « un débat constructif » auquel elle « contribuera activement ».
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature