Un homme de 66 ans est décédé d'un accident cardio-vasculaire dans la nuit du 28 au 29 août à son domicile de La Chapelle-Saint-Ursin (Cher), le SAMU n'étant arrivé sur les lieux qu'une heure après le premier appel de la famille. Un cas similaire s'était déjà produit en février dans le Cher : un garçon de 10 ans avait vu son père de 40 ans mourir dans les mêmes circonstances à Sancerre, malgré plusieurs appels aux services de secours.
Appelés à 3 heures, arrivés à 4 heures
Cette fois, le fils de la victime a contacté le SAMU à 3 h du matin, en précisant la gravité de la situation. Après un nouvel appel à 3 h 15, puis un autre à 3 h 30, sans succès, l'épouse de la victime a décidé à 3 h 45 de joindre le SAMU mais également les pompiers. Quand ces derniers sont intervenus à 3 h 55, ils n'ont pu que constater le décès. Le médecin du SAMU n'est arrivé qu'à 4 h du matin.
Le maire de La Chapelle-Saint-Justin, Yvon Beuchon, a aussitôt écrit au préfet pour demander des explications. « La famille a décidé de ne pas porter plainte, mais il est normal qu'elle sache ce qui s'est passé, explique-t-il . Il est inadmissible d'attendre un délai si long pour une urgence. Je suis d'autant plus interrogatif que notre commune est située aux portes de Bourges, à trois minutes de la caserne des pompiers. Il y a donc bien eu un problème. »
Le SAMU, rattaché au centre hospitalier Jacques-Cur de Bourges, est en revanche situé à l'opposé de la ville. Yvon Beuchon se demande s'il ne faudrait pas autoriser le SAMU à saisir les pompiers quand l'urgence concerne un domicile si proche de leur caserne.
La coordination n'est pas en cause
Le sous-préfet Gérard Branly se dit également « interpellé », « vu la faible distance, l'heure tardive et l'absence de circulation ». Afin de savoir ce qui, cette nuit-là, a été dit et décidé, et s'il y a eu interruption ou non de la chaîne de médecine d'urgence, la préfète du Cher, Anne Merloz, a ouvert une enquête administrative. Deux médecins inspecteurs (de la direction départementale des affaires sociales et sanitaires - DDASS - du Cher et de l'agence régionale d'hospitalisation - ARH - du Loiret) sont chargés d'écouter les enregistrements des appels reçus et envoyés par le SAMU et les pompiers. La préfecture espère fournir les premiers renseignements dès aujourd'hui. A moins que ne s'ouvre une enquête judiciaire, auquel cas les données seront transmises directement au parquet.
Ce second décès pose à nouveau la question de l'organisation des services d'urgence dans le Cher. « A première vue, il ne s'agit pas d'un problème de convention SAMU/SDIS (1) , de même qu'à Sancerre », estime la DDASS. Cette convention, qui régit les relations entre le SDIS et le SAMU du Cher (les pompiers interviennent sur la voie publique et le SAMU, à domicile), a tout de même été retravaillée après le premier accident. Or la nouvelle convention sera signée au début de septembre ; elle n'était donc pas en vigueur la semaine dernière.
Le Dr Marc Giroud, président du SAMU de France, se refuse à comparer les deux affaires, et préfère attendre les résultats de l'enquête. « Il est vrai que la répétition des cas dans la même région fait peur. Mais les circonstances sont différentes. » En février, en pleine période de grève des gardes, l'enfant était tombé sur le répondeur du médecin d'astreinte. Un problème que n'a pas rencontré la famille de la seconde victime. Le sous-effectif et la suractivité des SAMU suffisent-ils à expliquer ce nouvel accident, ou bien y a-t-il eu un réel dysfonctionnement des services d'urgence ? C'est ce que l'enquête devra déterminer. L'hôpital de Bourges et le SAMU ont tous deux précisé que le malade était mort dès le premier appel. Ce qui n'excuse en rien le retard des secours
(1) SDIS : Services d'incendie et de secours
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