C’est un homme incapable de résister à un bon mot, même le plus douteux, surtout si on lui tend un micro. Mais la plaisanterie n’est pas du tout du goût des médecins et Christian Saout, le président du CISS (collectif de patients) et de la Conférence nationale de la Santé, a même réussi à faire l’unanimité syndicale contre lui. Réagissant au rapport annuel de la Cour des comptes qui demande qu’une taxe « dissuasive » soit mise en place rapidement pour les médecins qui refusent la télétransmission, mercredi matin, au micro de France Info, ce représentant des patients, a eu une phrase plus que maladroite. Il assimile le coût du reliquat de feuilles de soins papiers à une « gabegie » et déduit un peu rapidement qu’on « aurait pu cette année ne pas faire les déremboursements de médicaments qui pèsent sur tous nos concitoyens, alors qu’on sait que ces médecins ont eu une dotation financière pour leur équipement électronique, » explique le président de la Conférence nationale de la santé. Après cette assertion péremptoire, il dérape carrément : « je ne sais pas ce qu’ils (les médecins) en ont fait (de la dotation), manifestement autre chose : acheter des sacs à main à leur épouse ou des playmobils à leurs enfants ».
Union généraliste a réagi la première dès mercredi après-midi en fin d’après-midi. « Christian Saout a commis la provocation de trop, disent Jean-Paul Hamon et Claude Bronner. Aucun médecin ayant bénéficié il y a plus de dix ans de l’aide à l’informatisation ne l’a utilisé à d’autres fins que l’informatisation, et chacun, sauf Christian Saout, comprendra la colère des médecins à qui la caisse verse sept centimes d’euros pour une feuille télétransmise et prétend lui en demander 50 quand il réalise une feuille de soins papier ». Même son de cloche au SML : « les propos tenus par monsieur Saout sont indignes d’un magistrat » (il a été en poste au tribunal administratif de Clermont Ferrand, ndlr). « Faut-il préciser que les aides à l’informatisation ne couvrent même pas le prix de l’équipement nécessaire, sans parler des difficultés techniques de l’utilisation au quotidien, » poursuit le SML. Face à cette « odieuse insulte », la CSMF rappelle qu’un médecin « ça se respecte et nul ne doit se sentir autorisé à insulter la profession ». Elle a donc pris l’attache d’un avocat pour engager des poursuites judiciaires à l’encontre du président du CISS afin de « faire respecter l’honneur des médecins libéraux ».
Cette histoire pourrair prêter à sourire, si Christian Saout, n’était pas l’un des membres de la mission Legmann, chargé d’élaborer d’ici à la fin du mois de mars des propositions sur la « « refondation » de la médecine libérale. « Ceci est particulièrement préoccupant et inquiétant » juge la CSMF. « Le seul membre représentant les patients discrédite la commission en tenant des propos diffamatoires et décrédibilise les associations de patients » relève Union généraliste, en exigeant son départ de la mission qui lui apparaît, par ailleurs, comme « la dernière chance d’enrayer la disparition de la médecine libérale ». Le SML souhaite également « la mise à l’écart immédiate du président du CISS de la mission Legmann qui ne peut cautionner plus longtemps la présence dans ses rangs d’un homme affichant un tel anti-libéralisme » et invite les médecins libéraux a faire la grève de la télétransmission jusqu’à ce que l’intéressé présente sa démission. Plus modéré, MG France estime que « Christian Saout respecterait son mandat en retirant ses propos et en s'excusant de cette provocation ». Le syndicat que préside Claude Leicher ajoute que « les relations entre médecins et usagers méritent mieux qu’un raccourci insultant et inutile ». Le dérapage de Christian Saout n’a décidemment pas fini de faire des vagues...
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