La fin de la « semaine noire » des sages-femmes signifie-t-elle la fin du mouvement de contestation qui secoue la profession depuis cinq mois ? Rien n’est moins sûr.
Réunie en collectif, une partie de la profession ferraille depuis le 16 octobre avec le ministère de la Santé pour obtenir plusieurs gages de reconnaissance à l’hôpital et en ville (statut hospitalier, premier recours, rémunération, etc.).
Cette semaine, les sages-femmes ont durci le ton, face à la proposition de Marisol Touraine de créer dans la fonction publique hospitalière un nouveau statut médical propre à leur profession. Un arbitrage irrecevable pour les sages-femmes, qui souhaitent obtenir le statut de praticien hospitalier – hors fonction publique – au même titre que les médecins.
Crispations à Pôle Emploi
Ce jeudi, elles l’ont fait savoir une nouvelle fois. À Toulouse, une opération escargot a paralysé la rocade pendant plusieurs heures. À Rennes et à Nantes, elles ont bloqué bus et trains. À Paris, une quarantaine de professionnelles ont failli en venir aux mains avec des salariés de Pôle Emploi, devant une agence où elles étaient venues manifester en fin de matinée.
En milieu de soirée, Marisol Touraine a dû une nouvelle fois justifier son choix devant une poignée de sages-femmes venues l’interpeller à la sortie d’une réunion publique à Vanves (Hauts-de-Seine).
Madame Touraine, écoutez les sages-femmes ! par sfencolere
Dans le Nord, en Charente et dans l’Yonne, les médias locaux ont également relayé plusieurs manifestations. Ce « jeudi noir », 75 % des hospitalières étaient en grève et plus de 600 cabinets de libérales fermés, indique le collectif des sages-femmes à l’origine de la grève.
Positions aventuristes
Reste à savoir quel sera l’impact de cette « semaine noire » sur les décisions à venir et les négociations en cours. Le collectif à l’origine de la grogne est désormais la cible de critiques nourries, qui risquent d’étouffer son message (déjà réduit à la question du statut hospitalier, les autres revendications étant passées à la trappe médiatique) et d’affaiblir sa capacité à fédérer la profession.
La proposition de Marisol Touraine a été rapidement saluée par une intersyndicale de sages-femmes hospitalières (hors CFTC), qui invite le collectif à « lever le pied et passer aux négociations salariales » attendues en avril.
Jusque-là discrète, l’Union nationale et syndicale des sages-femmes (UNSSF) s’est inquiétée des « positions aventuristes dans lesquelles un certain nombre d’organisations entendent entraîner la profession » et « dont elle se désolidarise fermement ». La sortie de la fonction publique entraînerait, selon l’UNSSF, une détérioration des conditions de travail des sages-femmes, une régression des acquis sociaux et des suppressions de postes « pour des raisons budgétaires évidentes ».
Affaibli mais pas à terre, le collectif a d’ores et déjà annoncé « continuer le combat ». Dans le cadre des élections municipales, une nouvelle opération est prévue à Nantes, ville du Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Et beaucoup espèrent secrètement voir Marisol Touraine partir à la faveur d’un remaniement ministériel.
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