110 ° Congrès de la Société française d'ORL et de chirurgie de la face et du cou 28-30 septembre 2003 à Paris

Apprendre à oublier les acouphènes chroniques

Publié le 02/11/2003
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Le principe de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) repose sur une activation des processus de négligence. Ces techniques sont très utilisées aux Etats-Unis mais encore peu en France et demandent à être validées à grande échelle.
Outre la délivrance aux patients d'informations sur la pathologie, la TCC repose sur l'identification des distorsions cognitives et des comportements inadaptés, sur leur correction et sur l'apprentissage de différentes techniques de relaxation visant à réduire les facteurs émotionnels et le degré de sensibilité lié au stress.
Une équipe de l'hôpital européen Georges-Pompidou (Paris) a rapporté son expérience de la prise en charge par TCC de 96 patients souffrant d'acouphènes ou d'hyperacousie.
Le protocole comprend plusieurs étapes : après une consultation ORL, trois entretiens individuels successifs permettent d'évaluer l'adhésion du patient à cette thérapie. Ils sont suivis par huit réunions hebdomadaires en groupes de deux à six personnes. Les résultats sont mesurés en analysant l'évolution des réponses à plusieurs questionnaires standardisés : échelle hospitalière d'anxiété-dépression, questionnaire du handicap lié à l'acouphène, échelle de sévérité subjective de l'acouphène, questionnaire de détresse psychologique liée à l'acouphène, questionnaire de sensibilité auditive.
Ont été exclus de l'étude les personnes trop éloignées géographiquement, les sourds profonds, les patients atteints de pathologie psychiatrique, ceux qui ont une comorbidité et, enfin et surtout, les patients réticents à l'égard d'une prise en charge de type psychologique.
Sur les 96 patients, sept ont abandonné très rapidement, quinze ont arrêté en cours de traitement et 74 patients (âgés de 19 à 74 ans) ont poursuivi la thérapie. Le score moyen d'anxiété initial était de 11,6 et celui de dépression de 7,8. Les patients étaient donc surtout anxieux.
Après 11 séances, les items : détresse, handicap, sévérité s'étaient améliorés de 50 % dans plus de trois quarts des cas. L'effet sur l'anxiété et la dépression a été d'autant plus marqué que les scores de départ étaient élevés.
Cette prise en charge active et validée des acouphènes et de l'hyperacousie s'intègre dans une approche globale et n'exclut pas les thérapies complémentaires. La TCC n'est toutefois pas applicable à tous les patients et nécessite une sélection. Une évaluation à long terme est, par ailleurs, nécessaire.
Les autres techniques de traitement des acouphènes font appel aux techniques d'habituation.
A l'état normal, chez les sujets qui entendent, grâce à un système de filtrage inconscient et automatique, les bruits extérieurs permanents « affectivement neutres » sont progressivement moins perçus. Chez les personnes atteintes de surdité unilatérale profonde ou totale accompagnée d'acouphènes, la stimulation sonore n'est pas possible pour favoriser l'habituation, elle est dans ce cas remplacée par une stimulation électrique grâce à un système implantable.
Dans la cophose unilatérale avec désafférentation, la stimulation électrique agit en alimentant le système auditif avec un signal constant, neutre et de faible intensité, qui favorise, en quelques mois, l'habituation. Cette technique est intéressante chez des patients ayant des séquelles de surdité brusque, après une chirurgie de l'ostéospongiose et dans la cophose postchirurgicale otologique.
Enfin, chez les patients atteints de surdité bilatérale, une prothèse combinée (prothèse auditive à très faible bruit de fond et générateur sonore) est utilisée. Ces techniques sont en cours de développement.

D'après la communication de A. Londero (hôpital européen Georges-Pompidou, Paris).

Dr Michèle FAUSSIER

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7417