Il est désormais reconnu que la masse adipeuse de l'organisme est régulée par les effets opposés de la leptine et de la ghreline sur les neurones de l'hypothalamus. La leptine est produite au sein même des adipocytes, si bien que sa concentration dans le sang augmente avec la masse graisseuse. Elle abaisse l'appétit et agit donc comme un stimulus rétroactif négatif qui fait correspondre la prise de nourriture à la demande énergétique (Friedman).
En revanche, la ghreline est sécrétée par la muqueuse gastrique quand l'estomac est vide. Elle déclenche la faim, provoquant la prise de nourriture (J. Epelbaum, G. Tannenbaum). Elle a aussi un rôle local de coordination de la motricité gastrique et duodénale.
Ces deux hormones agissent sur une partie de l'hypothalamus ventral (noyau arqué). Il s'agit d'une population de neurones contenant les neurotransmetteurs peptidiques appelés neuropeptide Y (NPY) et agouti-related peptide, dont les études de lésion et de stimulation ont montré le rôle inducteur de la prise de nourriture. Un second groupe de neurones contenant, entre autres peptides, la pro-opio-mélanocortine (POMC), inhibe la prise de nourriture. La leptine et la ghreline ont des effets inverses sur ces deux groupes de neurones.
Un pic juste avant l'heure de chaque repas
Pendant le jeûne, les concentrations sanguines de leptine et d'insuline diminuent et celle de ghreline augmente. La sécrétion de la ghreline présente un pic juste avant l'heure attendue de chaque repas, en corrélation avec la sensation de faim et il se produit un pic vers une heure du matin (phénomène bien connu des visiteurs matinaux de réfrigérateurs).
La chronologie des pics semble avoir une composante acquise par l'éducation, puisqu'elle varie d'un individu à l'autre et montre une différence nette entre ceux qui font un repas le soir et le groupe de ceux qui prennent habituellement une collation en fin d'après-midi (Cummings).
Chez l'animal, l'injection de ghreline non seulement déclenche la prise de nourriture, mais aussi augmente le temps passé à se nourrir (Epelbaum). Quant à savoir si la ghreline est impliquée dans l'homéostasie à long terme, cela n'est pas encore établi avec certitude. Par ailleurs, une voie effectrice directe de modification du métabolisme lipidique a été identifiée et l'analyse sophistiquée, à l'aide de puces à ADN, révèle que la leptine régule aussi les gènes des adipocytes impliqués dans le métabolisme du sucre et des acides gras.
L'hormone de croissance
La ghreline est impliquée dans la coordination entre la prise de nourriture et son utilisation, à travers son impact sur la sécrétion de l'hormone de croissance par l'antéhypophyse. Il y a environ dix ans, des peptides sécrétagogues, de l'hormone de croissance ont été développés. Il a récemment été montré que la ghreline était un ligand naturel de ces récepteurs, ce qui implique son rôle dans le contrôle de la libération de l'hormone de croissance (Dickson, Smith). Toutefois, la relation complexe entre la sécrétion de l'hormone de croissance et l'alimentation n'est pas encore parfaitement comprise.
Conférence de presse organisée par la fondation IPSEN, à laquelle participaient Claude Kordon (institut Necker, Paris) et Yves Christen (fondation IPSEN, Paris).
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