Faut-il demander à une personne vue pour suspicion d’appendicite si, en voiture, elle a eu mal en passant sur un ralentisseur, parfois appelé gendarme couché ? Pourquoi pas, si l’on en croit les résultats d’une étude publiée dans la rubrique « Noël 2012 » du « BMJ ».
Des patients présentant une appendicite ont rapporté une majoration de leurs douleurs abdominales en passant en voiture sur un ralentisseur. Au point que certains médecins recherchent ce phénomène à l’interrogatoire, lui attribuant un puisant pouvoir diagnostique. Qu’en est-il ? Pour en savoir plus, Helen Ashdown et coll. (Oxford) ont mis en place une étude prospective dans la région de Buckinghamshire dont les routes goudronnées sont parsemées de ralentisseurs en tous genres en ce qui concerne la taille et la hauteur. Étaient éligibles tous les sujets de plus de plus de 16 ans adressés, entre février et août 2012, à l’équipe chirurgicale de garde par un médecin généraliste ou un médecin urgentiste pour suspicion d’appendicite.
« Ralentiseur-positif » ou « ralentiseur-négatif »
Ces sujets devaient répondre à leur arrivée à un questionnaire sur leurs symptômes incluant quatre questions sur leur transport vers l’hôpital : mode de transport ; passage sur des ralentisseurs ; douleurs pendant le trajet ; modification de la douleur en passant sur un ralentisseur.
On distinguait ainsi :
- les patients « ralentiseur-positifs », dont le passage sur des ralentisseurs aggravait les douleurs ;
- les patients « ralentisseur-négatifs », dont le passage sur des ralentisseurs ne modifiait pas les douleurs, ou bien les calmait ou encore s’ils ne savaient pas trop répondre.
Au total, 101 patients de 17 à 76 ans ont été inclus ; 61 ont été conduits au bloc opératoire pour suspicion d’appendicite ; 54 ont été opérés (appendicectomie) ; une appendicite a été confirmée histologiquement chez 43 d’entre eux, soit un taux d’appendicectomies négatives de 20 %.
Le phénomène « douleur sur les ralentisseurs »
Parmi les 101 patients initiaux, 64 avaient roulé sur des ralentisseurs en venant à l’hôpital. Parmi eux, 34 avaient effectivement un diagnostic d’appendicite ; 33 de ces 34 avaient rapporté une aggravation de leurs douleurs en passant sur des ralentisseurs. La sensibilité était de 97 % mais la spécificité n’était que de 30 %. La valeur prédictive positive était de 61 % et la valeur prédictive négative de 90 %.
Ainsi, la forte sensibilité du phénomène « douleur sur les ralentisseurs » en fait un outil utile pour exclure une appendicite ou d’autres diagnostics abdominaux importants. En revanche, la faible spécificité indique que de nombreux patients qui ont une douleur en passant des ralentisseurs n’ont pas forcément une appendicite. Au total, être « ralentisseur-négatif » est un argument contre le diagnostic d’appendicite mais être « ralentisseur-positif » ne garantit pas un diagnostic d’appendicite.
BMJ online du 17 décembre 2012.
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