Tourisme
Dans un crépuscule chatoyant d'or empourpré, c'est l'heure de la prière dans la somptueuse pagode bimillénaire Shwedagon qui, pour l'occasion, s'est faite relifter de millions de feuilles d'or. C'est que son monumental stupa (monument religieux bouddhique) s'élève jusqu'à 98 m afin d'être vu des quatre coins de la capitale de 4 millions d'habitants, située à 30 km de la mer d'Andaman. A la fraîche, une foule afflue : être Birman, c'est être bouddhiste.
La Shwedagon est le sanctuaire le plus sacré du pays, un lieu que tous les Birmans rêvent de visiter une fois dans leur vie. Chacun et chacune semble s'isoler pour mieux se recueillir devant une statue, parmi les centaines, de l'Eveillé. Cette pagode contient une multitude d'oratoires, de pavillons qui abritent tous au minimum une statue de Bouddha. A croupetons ou assis en tailleur, hommes et femmes de tous âges, les yeux mi-clos, égrènent des rosaires à grosses boules. Le glissement des pieds nus sur le marbre encore tiède se mêle au bruissement des palmes des balayeuses qui chassent dans leurs mouvements balancés la poussière du jour passé. Ce ballet incroyable laisse imperturbable un cortège de moines, ombrelles repliées, se dirigeant vers l'arbre de l'Illumination, un banian sacré, impressionnant rejeton d'une bouture autrefois rapportée de Bodh Gaya, sous lequel Siddharta Gantama atteignit l'illumination en Inde.
Prière et esprits
L'esplanade des Planètes ne désemplit pas. Chaque fidèle vient se recueillir devant l'autel correspondant à son jour de naissance.
Religion ou manière de vivre fondée sur la tolérance, le bouddhisme a su s'adapter aux particularismes locaux. Bonzes et habitants n'en oublient pas pour autant les nats, ces esprits bienveillants ou malins, selon leur humeur, qui jouent un rôle non négligeable dans la vie quotidienne de tous les humains.
En longeant le soubassement, on passe devant un lion à deux corps, à visage humain, et une déesse de la Terre. On arrive ensuite à une vitrine abritant deux nats, dont le gardien du Shwedagon. En face, une représentation du roi des nats ; vient ensuite le tazaung des marchands chinois. Bref, chacun y trouve son compte, dans un joyeux capharnaüm... Astrologues et diseurs de bonne aventure, numérologues qualifiés et autres mages attendent tout du long des escaliers qui conduisent au sanctuaire.
L'atmosphère de sérénité qui imprègne l'enceinte se fait plus présente. Tout le monde ne prie pas, mais sent cette paix intérieure le gagner. Un vol de chauves-souris strie le ciel indigo. La touffeur de la soirée, alourdie par les senteurs de jasmin, s'apaise avec la brise du soir qui fait tintinnabuler les guirlandes de clochettes. Fugitive sensation de mouvement perpétuel dans une apparente immobilité ; c'est ça la Shwedagon, « une superbe merveille étincelante », comme disait Kipling. Et aujourd'hui encore la magie opère ; et on ne cesse d'y revenir.
Pagan vue du ciel
« Good morning, it's five o'clock ». La nuit noire encore, il fait un peu froid, tout le monde dort malgré les soubresauts du camion sur la route mal asphaltée qui traverse le site archéologique endormi de Pagan.
Les premiers rayons rouge sang de l'aube lèchent la piste qui nous emmène vers une clairière, où un énorme amas de tissu commence à prendre forme sous la pulsion de l'hélium chaud. La montgolfière va s'envoler. Un souffle et c'est parti. En quelques secondes, nous voici au-dessus du faîte des arbres, c'est un enchantement. Une vision hors du temps.
Dans un large méandre de l'Ayeyarwady, fleuve généalogique du pays, se dressent des milliers de stupas et de pahtos (temples), de quelque côté que l'on tourne la tête, des vestiges à perte de vue, des temples imposants qui s'élèvent vers les cieux, comme le pahto Ananda du XIe siècle ou de ravissants petits zedis perdus au milieu des champs où déjà des femmes battent le riz.
Plus loin, près du temple de Mahabodhi, une procession de chars à bufs tirant des citernes d'eau douce soulève un nuage de poussière ocre. Des hommes et des femmes accomplissent leurs tâches quotidiennes dans l'indifférence générale au milieu des stupas de toute taille jaillissant du sol jusqu'à l'infini. La construction de cette splendeur architecturale fut commencée par le roi Anawratha au XIe siècle et se poursuivit jusqu'au XIIIe siècle. Rénovés en permanence, les sanctuaires ont toujours exercé une fascination sur les visiteurs et la plupart ont connu des transformations au fil des siècles.
Il est difficile d'imaginer la sensation de plaisir et de liberté qui submerge les passagers de la petite nacelle lorsque celle-ci frôle le sommet de Dhammay Anguyie (XIIIe siècle) ou Thatbinyu, le plus haut des monuments. Ils s'offrent au regard dans leur intégrale majesté. Le silence total permet de percevoir parfaitement les bruits de la vieille cité qui se réveille.
Une heure plus tard, à regret, il faut atterrir ; impressionnant, parfois renversant, mais sans danger. Pour nous remettre de nos émotions, champagne ! Les aérostiers cultivent un art de vivre issu du passé, où la beauté et l'harmonie sont un défi au temps et à l'espace.
Les vestiges que tout voyageur découvre au Myanmar retracent un millénaire de gloire et des images inoubliables d'habitants survivant sur une terre mêlant richesse et misère.
Pour partir
TRANSPORT
Thaï Airways International propose des vols quotidiens Paris/Rangoon avec une escale à Bangkok. Avec Royal Orchid Plus, il est désormais possible de cumuler des miles avec les compagnies membres de Star Alliance.
SEJOURS
Asia, spécialiste du voyage individuel en Asie, propose différents itinéraires pour explorer la Birmanie, classique ou secrète. Par exemple, pour un premier voyage, un circuit individuel en voiture particulière, avec chauffeur et guide francophone, de 12 jours, « Rubis de Birmanie », avec 2 nuits à Rangoon, au très glamour Pansea Yangoon, à partir de 3 884,23 euros par personne, en chambre double et en pension complète, tous vols inclus au départ de Paris.
Renseignements : Asia, 1, rue Dante, 75005 Paris. Tél.01.44.41.50.10. www.asia.fr
HOTELS
A Rangoun, dormir absolument au Pansea Yangoon, havre de paix dans la tumultueuse métropole. Ancienne demeure birmane en teck dans le quartier des ambassades, un charme fou. 45 chambres et 2 suites au milieu d'un parc, piscine et bassin aux eaux calmes. Haute gastronomie sous la houlette d'un chef français. Le directeur est également français ; ses « bonnes adresses » sont vraiment bonnes. Prix par personne : 94 euros en chambre double et petit déjeuner-buffet. Réservation chez Asia.
FORMALITES
Visa obligatoire délivré par l'ambassade de l'Union du Myanmar. 60, rue de Courcelles, 75008 Paris. Tél. 01.42.25.56.95.
SANTE
Pas de vaccin exigé, prendre les précautions habituelles dans les régions tropicales.
CLIMAT
Saison sèche de novembre à avril, mais voyager durant la saison des pluies ne présente pas de difficultés particulières.
MONNAIE
Le Kyat (prononcer tchat). 340 K = 1 dollar. Munissez-vous du billet vert, très apprécié partout.
Cartes de crédit dans les grandes villes.
DECALAGE HORAIRE
+ 6 h 30.
QUE RAPPORTER
L'artisanat birman est très varié et de bonne qualité :
laques, plats à offrandes, bols, boîtes, rubis magnifiques, à acheter dans les magasins d'Etat car un certificat est exigé à la douane ; soie sur tous les marchés ; petits objets d'antiquité, même s'ils ne sont pas très anciens ils sont beaux, et c'est la façon la plus simple et directe d'aider la population qui en a bien besoin.
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