Une réaction inattendue
Depuis un accident de travail, une patiente, âgée d’une quarantaine d’années, souffre de douleurs neuropathiques du membre inférieur gauche sur le trajet du nerf sciatique. On lui a proposé un traitement médical par antidépresseur tricyclique et antiépileptique à visée antalgique en association avec du tramadol. Depuis six mois, elle bénéficie également d’une neurostimulation électrique transcutanée avec des électrodes placées dans la région lombaire et sur le trajet du nerf sciatique. Trois mois plus tard apparaissent des lésions érythémateuses, squameuses, prurigineuses, localisées à l’endroit d’application des électrodes. Elle change de marque d’électrodes, mais obtient les mêmes réactions.
Un eczéma de contact
Ce type de traitement entraîne chez certains patients un eczéma de contact apparaissant après plusieurs semaines ou mois d’utilisation. Chez cette patiente, que les électrodes soient autocollantes ou en silicone avec un gel conducteur, l’état ne s’améliore pas. L’application de corticoïdes locaux aux endroits concernés par l’eczéma permet de stopper les poussées qui réapparaissent systématiquement à la remise en place des électrodes.
Des patchs-tests
Cette neurostimulation étant très efficace sur les douleurs dont se plaignait la patiente, elle accepte la pratique de patchs-tests avec la batterie standard européenne, la batterie acrylates et les différents produits contenus sur les électrodes (eau, acide acrylique, glycérine, acrylamide) et dans le gel (propylène glycol, trolamine, méthyl paraben, glycolpolyacrylates et eau) disponibles en tests dilués dans la vaseline.
La lecture à 48 et 72 heures montre une positivité pour l’éthylèneglycolméthyl méthacrylate et le triéthylèneglycolméthacrylate. Tous les autres tests, en particulier propylène glycol et trolamine, sont négatifs.
Une évolution favorable
Après contact du fournisseur, la possibilité de disposer d’élec- trodes sans acrylates est confirmée. Depuis quelques semaines, la patiente utilise sans aucun effet secondaire des électrodes autocollantes comportant du propylène glycol sans acrylates.
Nouveau mode
La neurostimulation transcutanée, un nouveau mode de sensibilisation.
Ce type d’eczéma de contact est peu décrit, mais doit être recherché systématiquement en cas d’eczéma localisé au lieu d’application.
En fonction des moyens utilisés, ce sont les électrodes qui sont le plus en cause en raison de la présence de caoutchouc en leur sein, de propylène glycol ou d’acrylate. Ces deux derniers composants étant aussi présents dans certains gels conducteurs, comme c’était le cas ici.
Prothésistes dentaires, imprimerie, gels
Les acrylates sont souvent à l’origine d’eczéma de contact chez les prothésistes dentaires (colle, ciment et matériel de prothèse contenant des résines méthacrylates), dans l’imprimerie (encre, plaque d’impression), les gels de contact.
Ces résines méthacrylates sont aussi incriminées dans des cas d’eczéma lié à leur présence dans les faux ongles.
Cosmétiques, parfums alimentaires
Le propylène glycol ou 1-2 propanédiol est présent en tant qu’excipient dans certains cosmétiques (crèmes démaquillantes, autobronzants, produits de bain ou de douche, shampooing, rouges à lèvres, etc.).
Il peut être à l’origine de phénomènes d’irritation (en forte concentration) ou d’allergie. Il est aussi dans la composition de certains parfums alimentaires (dans les sirops, les boissons, les médicaments), de liquides de dégivrage, dans la nourriture pour animaux domestiques.
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