Appareils de bronzage : majoration du risque d'épithélioma cutanés

Publié le 05/02/2002
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Au cours des trente dernière années, l'incidence des différents cancers cutanés s'est nettement majorée. Le rôle de l'exposition solaire sur l'apparition des carcinomes basocellulaires, des carcinomes spinocellulaires et des mélanomes ne fait pas de doutes. Mais en matière de lien entre utilisation de source artificielle d'U.V. et apparition de cancers, on ne dispose actuellement que de publications faisant état d'une majoration des mélanomes chez les utilisateurs d'appareils de bronzage.

Une équipe de dermatologues s'est intéressée à l'utilisation de ce type de matériel chez des sujets présentant des cancers cutanés baso- ou spinocellulaires. Pour cela, ils ont inclus tous les patients résidant dans le New Hampshire, âgés de 25 à 74 ans, hospitalisés entre le 1er juillet 1993 et le 30 juin 1995, et les ont appariés avec des témoins de même âge vivant dans la même région. C'est ainsi que 603 personnes présentant un carcinome basocellulaire, 293 sujets atteints de carcinome spinocellulaire et 540 témoins ont été contactés par courrier.

Un questionnaire sur les habitudes

Un questionnaire détaillant le comportement des sujets et certains facteurs liés à l'exposition solaire (tendance au coups de soleil, nombre de coups de soleil douloureux, fréquentation des endroits ensoleillés, utilisation d'U.V. artificiels, etc.) a été adressé à 78 % des patients et 66 % des témoins qui ont accepté de participer à l'étude.
Résultat : « 16,3 % des hommes atteints de lésions néoplasiques cutanées et 28,4 % des femmes atteintes - contre respectivement 9,2 et 21 % des témoins - avaient au moins une fois dans leur vie utilisé des appareils de bronzage. Si les hommes de moins de 50 ans atteints avaient significativement eu plus souvent recours aux U.V. artificiels que les témoins (29,6 % contre 13,7 %), aucune tendance de ce type n'a été détectée chez les femmes dans la même tranche d'âge », rapportent les auteurs. En revanche, dans la tranche 51-60 ans, un nombre significativement plus élevé de femmes avaient eu recours aux U.V. dans le groupe atteint que chez les témoins (32,4 % contre 19,5 %). Chez les sujets atteints de néoplasie, on note aussi une tendance plus marquée à l'apparition de réactions inflammatoires sévères lors de l'exposition solaire (18,9 %, contre 11,5 %, chez les hommes et 27 %, contre 21,1 %, chez les femmes), à un nombre d'expositions solaires plus élevé et à un nombre de coups de soleil sévères au cours de l'existence plus élevé.

Limiter l'accès chez les plus jeunes

« Globalement, on peut considérer que le fait d'utiliser des appareils de bronzage majore de 2,5 le risque d'apparition des carcinomes spinocellulaires et de 1,5 celui des carcinomes basocellulaires. Cet effet est constant dans les deux sexes et semble majoré chez les sujets s'étant exposés précocement dans leur vie à des rayonnement artificiels et chez ceux y ayant eu recours dans les années soixante-dix », expliquent les auteurs.
Cette étude est la première à prouver le lien entre les U.V. artificiels et certains types de néoplasies cutanées. Pour le Dr Margaret Karagas, « les résultats de cette étude devraient inciter à la mise en place de mesures limitant l'accès aux appareils de bronzage, en particulier chez les plus jeunes. Quand on sait que plus de 50 % des jeunes filles ont recours à ce type d'habitude, il devient concevable de demander de façon systématique un consentement écrit aux parents ».

« Journal of the National Cancer Institute », vol. 94, n° 3, pp. 224-227.

Dr Isabelle CATALA

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7060