UNE ÉTUDE AMÉRICAINE vient de montrer que la perte d’audition augmente l’incidence de la démence et de la maladie d’Alzheimer. Plutôt qu’un processus neuropathologique commun, la baisse des fonctions cérébrales au cours de la surdité serait due à une surmobilisation de la réserve cognitive et à l’isolement social. Alors que le déclin cognitif est plus facile à prévenir qu’à guérir, ces résultats suggèrent qu’un appareillage précoce ou des implants cochléaires permettent de ralentir le déclin cognitif chez les personnes malentendantes.
L’équipe dirigée par le Dr Frank Lin a suivi 639 individus âgés de 36 à 90 ans indemnes de démence à l’inclusion. L’audition mesurée par audiométrie était classée en normale (perte de <25 dB; n=455), en perte légère (25-40 dB; n=125), en perte modérée (41-70 dB; n=53) et en perte sévère (›70 dB; n=6). Au cours du suivi, en médiane de 11,9 ans, le diagnostic de démence était évoqué à l’aide d’une batterie de tests standard et posé après concertation multidisciplinaire selon les critères du DSM3R et de deux sociétés savantes américaines en neurologie.
Au cours du suivi, 58 cas de démence ont été observés, parmi lesquels 37 de maladie d’Alzheimer. Le risque de démence est multiplié par 1,27 pour une tranche de 10 dB en moins, c’est-à-dire que l’excès de risque est augmenté d’environ 20%. Par rapport à une audition conservée, le rapport des risques est de 1,89 pour une perte légère, de 3 pour une perte modérée et de 4,94 pour une perte sévère.
Pour expliquer l’association, les auteurs n’excluent pas l’écueil du surdiagnostic de surdité au cours de la démence. Un processus neuropathologique commun semble peu probable, car l’audiométrie tonale est le reflet d’une activité périphérique basée sur la transduction cochléaire. En revanche, la réserve cognitive n’est pas la même entre les individus, ce qui permettrait à certains de mieux faire face au handicap que d’autres. La réallocation des ressources cérébrales vers le processus auditif favoriserait ainsi l’expression d’une démence précoce. L’étude confirme le rôle de l’isolement social bien démontré, puisque la démence apparaît pour une perte auditive de ›25 dB, correspondant au seuil gênant la communication verbale. En ce sens, il est connu que le risque de démence est plus faible chez les individus ayant des loisirs et des activités sociales.
« Arch Neurol » 2011;68(2):214-220
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