I L est admis que les personnes atteintes d'un syndrome d'apnées obstructives du sommeil (SAOS) ont un risque accru d'accident de voiture. Risque lié à la somnolence diurne, à une baisse des réflexes et à des problèmes de concentration. D'ailleurs, on estime que l'endormissement au volant est en cause dans 15 à 20 % des accidents de la route.
Le SAOS toucherait au moins 4 % des hommes, 2 % des femmes et jusqu'à 5 % des voyageurs de commerce.
Cela dit, 80 % des sujets atteints ne sont pas diagnostiqués. Or, l'endormissement et l'inattention liés au syndrome multiplient le risque d'accident de la route par 2 à 4 ; et c'est sans compter les accidents à la maison ou au travail.
La logique incite à penser que le traitement du SAOS peut réduire le risque d'accident de la route. Mais il faut des arguments convaincants.
D'abord, les simulateurs de conduite
D'abord, il y a eu des tests sur simulateurs de conduite, qui ont montré que le traitement par pression positive continue ou le traitement chirurgical (UPPP pour uvulo-pharyngo-palatoplastie) réduisent le risque d'accident. Ensuite, quelques observations sont allées dans le même sens. Puis, il y a eu, l'an dernier, l'étude de Findley (« Am J Respir Crit Med », 2000 ; 112 : 1 561-1 566), qui a comparé le nombre d'accidents de 50 patients ayant un SAOS, dont 36 traités par pression positive continue et 14 non traités. Résultat : lors d'un suivi de deux ans, le nombre d'accidents a diminué chez les patients traités (baisse de 0,07 accident par conducteur et par an), mais pas chez les autres.
L'étude de Findley ayant porté sur un échantillon relativement petit, il était nécessaire d'en conduire une autre chez davantage de sujets. C'est ce qu'a fait l'équipe du Canadien C. F. George (Ontario), dont les résultats sont publiés dans « Thorax ».
Ce nouveau travail a porté sur 201 patients âgés de 52 ans en moyenne, ayant un indice de masse corporelle de 35,5, un index d'apnées/hypopnées du sommeil de 54 événements par heure et traités par pression positive continue pendant au moins trois ans. Résultat : le traitement pendant trois ans permet d'éviter 75 accidents chez 201 patients (réduction de 0,12 accident par conducteur et par an).
Trente six blessés évités pour 500 sujets traités
Si l'on prend ensemble les données de l'étude de Findley et celles de George, estiment deux éditorialistes (Findley lui-même et Suratt), on peut estimer de façon assez exacte le nombre d'accidents évitables : le fait de traiter 500 patients pendant trois ans éviterait 180 accidents graves (dont 105 de la faute du conducteur). Puisque 20 % des accidents rapportés entraînent des dommages corporels sérieux, 36 blessés seraient évités. De plus, traiter 500 patients pendant trois ans représenterait une économie d'un million de dollars.
« Thorax », 2001 ; 56 : 508-512 et 505 (éditorial).
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