On estime de 2 à 4 % l'incidence des syndromes d'apnées du sommeil chez les hommes dans les pays industrialisés. Cette valeur est proche de 1,5 % dans la population féminine. Cette pathologie qui s'accompagne d'une majoration du risque cardio-vasculaire et, le plus souvent d'une hypertension artérielle, peut être traitée par chirurgie (tonsilectomie) ou par mise en place d'un appareillage nocturne délivrant de l'air sous pression positive continue (CPAP).
L'équipe du Dr Justin Pepperell (Oxford) a mis en place une étude randomisée chez 118 sujets atteints de syndrome d'apnées obstructives du sommeil (SAS) (plus de dix épisodes de désaturation par heure) afin de déterminer l'effet d'une mise sous CPAP sur la pression artérielle. Il s'agit de la première étude contre placebo dans cette indication ; les données utilisées jusqu'à présent se référaient, en effet, à des études cas contrôles.
Les auteurs ont comparé 58 sujets traités par CPAP selon un protocole thérapeutique (pression optimale thérapeutique efficace sur les ronflements et sur le nombres d'apnées, déterminée à l'issue d'une nuit d'adaptation de plus de cinq heures) et 58 autres placés sous CPAP ne délivrant qu'une pression d'air réduite.
Quatre semaines après la mise en place de la CPAP, un examen de la pression artérielle sur vingt-quatre heures a été effectué en ambulatoire. Ce type de mesure, en effet, reste le meilleur marqueur des complications cardiaques (hypertrophie du ventricule gauche et insuffisance cardiaque) et vasculaires des sujets hypertendus.
« Comparée au protocole subthérapeutique, la CPAP thérapeutique a permis une réduction significative de la pression artérielle moyenne des vingt-quatre heures (baisse de 2,5 mmHg, contre hausse de 0,8) », analysent les auteurs. Cette baisse de la pression artérielle moyenne dans le groupe CPAP thérapeutique a été observée autant pendant les heures de veille qu'au cours du sommeil. Prises de façon séparées, les pressions artérielles, systolique et diastolique, ont vu leurs valeurs moyennes s'abaisser chez les patients traités efficacement quel que soient les chiffres à l'entrée dans l'étude (différence de 3,4 pour les systoliques et de 3,3 des diastoliques moyens).
Prévenir 1 000 AVC ou infarctus
Les auteurs ont aussi procédé à une analyse en sous-groupe des sujets traités par médicaments anti-
hypertenseurs (11 dans chaque groupe, pression artérielle moyenne similaire). La pression artérielle des sujets sous CPAP subthérapeutique s'est abaissée de façon sensible (baisse moyenne de 1,2 mmHg), alors que chez ceux traités de façon optimale une baisse nette a été constatée (7,9 mmHg).
En se fondant sur des résultats d'étude à large échelle déjà publiés, on sait qu'une baisse de la pression artérielle de 3,3 mmHg induit une diminution de 20 % des accidents vasculaires cérébraux et de 15 % des coronaropathies. Le Dr Pepperell explique que « si l'on s'en réfère à la population britannique atteinte de syndrome d'apnée du sommeil la mise en place de CPAP pourrait permettre de prévenir 1 000 accidents vasculaires cérébraux ou infarctus du myocarde chaque année ». Il avance aussi que « le dépistage systématique des apnées du sommeil pourrait permettre de diminuer le nombre des patients hypertendus résistant au traitement, puisque le bénéfice pharmacologique pourrait être annulé par l'effet propre des troubles respiratoires sur la pression artérielle ».
« Lancet », vol. 359, pp. 204-209, 19 janvier 2002.
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