Apnée du sommeil : la progestérone testée chez la femme ménopausée

Publié le 05/12/2001
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C'est une indication originale et pour le moins nouvelle de la progestérone que suggèrent des médecins finlandais dans l'« European Respiratory Journal » de décembre. L'hormone semble soulager de façon durable les troubles ventilatoires nocturnes rencontrés chez certaines femmes après la ménopause. Il ne s'agit pour l'instant que d'une voie de recherche car le travail n'a porté que sur une dizaine de patientes. Il ne saurait, donc, être question d'envisager actuellement ce type de prescription.

Tarja Saaresranta et son équipe (Turku) sont partis d'un effet connu de la progestérone : elle stimule la respiration. S'y ajoutait un travail antérieur des mêmes médecins. Il avait suggéré que la médroxyprogestérone améliore les échanges gazeux chez la femme ménopausée.

Obstruction respiratoire partielle

Les auteurs, par petite annonce, ont recruté 71 femmes ménopausées, de 60 ans en moyenne, sur l'offre d'une étude détaillée de leur sommeil. Onze d'entre elles présentaient des signes évidents d'obstruction respiratoire partielle (soit 15,49 %, rejoignant les plus de 15 % de la littérature). Dix femmes ont accepté de participer à l'étude, leur limitation ventilatoire s'accompagnait de fréquents épisodes d'augmentation du taux de gaz carbonique en fin d'expiration. Les auteurs relèvent que toutes étaient en état de surcharge pondérale avec un index de masse corporelle moyen de 31,3.
Une semaine après le premier enregistrement polysomnographique, ces dix volontaires ont reçu chaque soir 60 mg de médroxyprogestérone. Au bout de quatorze jours de traitement une polysomnographie était réalisée. Un nouvel examen enfin est pratiqué trois semaines après l'arrêt du progestatif, afin d'évaluer la persistance de l'effet thérapeutique. Six patientes, même, ont subi un examen supplémentaire trois mois après l'arrêt sous ventilation en pression positive continue (CPAP).

Pas d'altération de la qualité du sommeil

Au premier enregistrement pratiqué, les auteurs mettent en évidence une amélioration significative de la ventilation pulmonaire après la prise du progestatif. Ils notent que les patientes n'ont pas décrit d'altération de la qualité du sommeil. De plus, le traitement a permis une réduction de 14,5 % de la concentration pulmonaire en gaz carbonique. C'est-à-dire un résultat meilleur qu'avec la ventilation assistée.
L'examen pratiqué trois semaines après arrêt du traitement met en évidence un effet thérapeutique persistant. Le pourcentage en gaz carbonique demeure abaissé de 9,1 %. Toutefois, la médroxyprogestérone a un effet moins marqué sur les efforts ventilatoires et les apnées du sommeil que la CPAP.
Ce travail, au caractère expérimental, suggère qu'une administration de courte durée d'un progestatif pourrait bénéficier à des femmes ménopausées. Tarja Saaresranta pense même qu'une administration discontinue de l'hormone pourrait être proposée, mimant en quelque sorte son cycle physiologique, avant la ménopause. D'ailleurs, une nouvelle étude vient d'être mise en route par la même équipe. Strictement contrôlée, elle comparera les effets de l'acétate de médroxyprogestérone vis-à-vis d'un placebo, d'une part, et de la CPAP, d'autre part.

« European Respiratory Journal », vol. 18, n° 6.

Dr Guy BENZADON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7025