Pour efficace qu'il soit sur la transmission du VIH de la mère à son enfant, le traitement antirétroviral pourrait-être impliqué dans la survenue d'une dysfonction mitochondriale chez les nouveau-nés.
Ce trouble, déjà constaté au cours de traitement instauré après la naissance, peut être mis en évidence, entre autres, par la survenue de convulsions.
Les médecins impliqués dans l'étude de la Cohorte périnatale française (plus de 6 000 nourrissons) se sont donc penchés sur l'incidence des convulsions survenues avant 18 mois, chez des enfants enrôlés depuis 1986.
Effectivement, le risque convulsif est majoré chez les nourrissons traités, essentiellement les formes fébriles.
L'analyse a porté sur les 4 426 nourrissons non contaminés par le VIH ou à la sérologie non déterminée. Parmi eux, 1 748 n'ont pas reçu d'antirétroviraux (la majorité était née avant 1994) et 2 644 ont été soumis aux thérapeutiques in utero, en per et post partum. La moitié parmi ces derniers n'a reçu que de la zidovudine, l'autre d'autres molécules. Au total, 81 crises convulsives ont été rapportées, 25 lors du premier mois de vie (neonatales), 34 convulsions hyperthermiques ont touché 30 nourrissons de plus de 3 mois (risque cumulé de 8,2 pour 1 000) et 22 « autres convulsions » ont concerné 17 enfants (risque cumulé de 4,5 pour 1 000). L'incidence globale de la pathologie est estimée à 5,7 pour 1 000, avec une association significative entre les traitements, quels qu'ils soient, et les convulsions fébriles (24 des 30 enfants atteints).
Les auteurs, cependant, soupçonnent une sous-estimation des convulsions fébriles, dans le mesure où leur travail n'était pas spécifiquement dédié à cette analyse. Ce que semble confirmer l'incidence de ces crises chez les enfants non traités (6,05 pour 1 000 à 18 mois), plus faible que dans la population générale (9,3 pour 1 000).
Une dysfonction mitochondriale cérébrale
Cette étude d'observation ne fournit aucune hypothèse sur la physiopathologie du phénomène et, particulièrement, aucune indication sur la pertinence d'une éventuelle dysfonction mitochondriale cérébrale, comme notée chez des animaux exposés à des analogues nucléosidiques. Les crises convulsives apparaissent plus souvent dans le groupe des 6-12 mois que dans celui des 12-18 mois et peuvent être réversibles. Les conséquences à long terme de ces convulsions hyperthermiques précoces ne sont pas connues, mais elles ne sont pas obligatoirement délétères. Elles justifient toutefois un surveillance rapide et soigneuse du développement de ces enfants.
A. Landreau-Mascaro, B. Barret, M.-J. Mayaux, M. Tardieux, S. Blanche, « Lancet » vol. 359, 16 février 2002, pp. 583-584.
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