De notre envoyé spécial
Comme l'a montré le Dr U. Osby (Suède), la surmortalité des schizophrènes (trois ou quatre fois supérieure à ce que l'on observe dans la population générale) ne s'explique pas seulement par les suicides et les morts violentes.
Des études effectuées dans la région de Stockholm montrent que si, chez l'homme, le suicide est bien la principale cause de surmortalité, chez les femmes, ce rôle revient aux maladies cardio-vasculaires. En outre, si l'on compare les périodes 1976-1980 et 1991-1995, la mortalité cardio-vasculaire a été multipliée par 4,7 chez les hommes et par 2,7 chez les femmes. Pour le Dr U. Osby, la prévention cardio-vasculaire devient donc une priorité chez le schizophrène.
Un tel constat amène à une prise en compte de plus en plus exigeante des effets à long terme des traitements antipsychotiques utilisés dans la schizophrénie, notamment sur le plan métabolique. A ce titre, le profil pharmacologique de l'aripiprazole (Abilify) apparaît intéressant, comme l'a souligné A. de Bartolomeis : en effet, contrairement à d'autres antipsychotiques qui sont des antagonistes D2, l'aripiprazole se révèle être un agoniste partiel, ce qui fait que la molécule agit comme antagoniste quand la concentration de dopamine est élevée et comme agoniste quand cette concentration est relativement basse. L'aripiprazole est également antagoniste 5-HT2A et agoniste partiel 5-HT1A.
Un stabilisateur
Au total, poursuit A. de Bartolomeis, l'aripiprazole apparaît comme stabilisateur du système dopamine sérotonine avec une faible affinité pour les récepteurs alpha 1 adrénergiques et histaminiques H1.
L'ensemble de ces propriétés pharmacologiques explique, certes, l'efficacité du produit sur les éléments positifs et négatifs des psychoses, ainsi que sur les symptômes affectifs et les psychoses affectives, mais ses propriétés semblent également aller de pair avec un profil de tolérance favorable, comme l'a précisé le Pr W. Gaebel (Düsseldorf, Allemagne).
Etant entendu que, à long terme, les effets d'un traitement sur l'équilibre glycémique, sur les lipides et sur le poids représentent des paramètres importants ; en sachant que les autres facteurs de risque spécifiques du schizophrène (à commencer par le tabagisme et la sédentarité) sont malheureusement beaucoup plus difficiles à vaincre.
Lipides, glycémie, poids : réponses satisfaisantes
Quoi qu'il en soit sur tous ces plans, l'aripiprazole fournit des réponses satisfaisantes : au plan lipidique, un essai d'une durée de vingt-six semaines montre que, par rapport au placebo, le produit aurait même plutôt tendance à améliorer le profil lipidique initial ; en outre, les modifications de la glycémie à jeun restent minimes, alors que l'on soupçonne plusieurs antipsychotiques atypiques de favoriser l'émergence d'un diabète de type 2. Enfin, l'aripiprazole ne modifie pas significativement le poids, ce qui n'est pas le cas de l'olanzapine dans le cadre d'un essai comparatif d'une durée de vingt-six semaines, essai dont les résultats ont été présentés en mai dernier au congrès de l'American Psychiatric Association (p < 0,001). Si l'on ajoute à cela l'absence de modification des taux de prolactine, on peut conclure que la tolérance métabolique de l'aripiprazole paraît optimale. Pour le Pr Gaebel, ces atouts de l'aripiprazole sont d'autant plus importants qu'ils vont de pair avec une efficacité comparable à celle des antipsychotiques atypiques les plus performants, avec un profil de tolérance neuropsychologique également très bon.
(1) L'aripiprazole est une molécule découverte par la firme japonaise Otsuka et codéveloppée par BMS.
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