Ce livre très complet est structuré en quatre sections. La première, consacrée aux aspects historiques et conceptuels nous ramène à la découverte des neuroleptiques avant de passer en revue toutes les évolutions conceptuelles et les découvertes qui nous ont conduits à une révision des connaissances, en particulier en montrant qu'un effet antipsychotique n'était pas forcément associé à un syndrome extrapyramidal.
La deuxième section passe en revue les modes d'action des produits et les méthodes d'étude (aspect préclinique, aspects cliniques et neuropsychologiques, aspects pharmaco-économiques), la multitude des outils de mesure disponibles pour mesurer l'action de tel médicament révélant la complexité du problème, la richesse des recherches effectuées et enfin la finesse potentielle des conclusions qu'il s'agit de tirer de l'administration d'un médicament et, dans le meilleur des cas, les corrélations possibles entre effets neurologiques et thérapeutique. Une chose est sûre, si l'évaluation est difficile, on ne peut plus s'en passer.
Des qualités didactiques et des perspectives
La troisième section de l'ouvrage est consacrée aux situations pathologiques dans lesquelles les antipsychotiques sont utilisés, bien sûr les troubles schizophréniques et troubles délirants apparentés mais aussi les indications qui n'ont pas fait l'objet d'une AMM en France, comme les troubles bipolaires, les troubles dépressifs majeurs récurrents ou encore la dépression résistante. Les indications chez l'enfant et chez l'adolescent ainsi que chez le sujet âgé sont plus particulièrement analysées.
Une dernière section précise fort opportunément les règles d'utilisation des diverses molécules rentrant dans le cadre des antipsychotiques atypiques, analyse les associations médicamenteuses et non médicamenteuses ainsi que les effets indésirables.
Au-delà de ses qualités didactiques, ce livre ouvre des perspectives dans la mesure où les travaux en cours pourraient élargir le champ d'action de ces nouvelles molécules, en approfondissant notamment leurs éventuels effets procognitifs et/ou neuroprotecteurs.
Cela étant dit, l'absence de sédation, un profil de tolérance amélioré, malgré les incidents de parcours du premier de ces nouveaux antipsychotiques, la clozapine, et enfin une qualité de vie améliorée justifient le recours aux antipsychotiques atypiques en première intention pour traiter les premières crises : une telle attitude est préconisée par tous les consensus mais force est de constater que, dans notre pays, elle est loin d'être généralisée, dans les hôpitaux psychiatriques comme au dehors.
Un livre qui génère le débat
C'est là où l'ouvrage génère un véritable débat, car le retard à l'utilisation des antipsychotiques en France peut répondre à plusieurs causes : information insuffisante des psychiatres, blocage idéologique généré par les débuts cahotiques de cette nouvelle classe de médicaments, limitation financière dans les établissements hospitaliers, sans oublier une question qui revient souvent autour des conséquences « du réveil » des malades psychotiques, un réveil qui n'est pas toujours facile de gérer même si des progrès notables ont été accomplis, en particulier avec le développement des hôpitaux de jour. Une vraie solution ne pouvant venir à ce niveau que d'une plus grande volonté d'intégration des malades, par une société qui donne parfois l'impression de ne pas être mécontente de les voir sommeiller.
Au-delà de ce débat, tous les auteurs de l'ouvrage s'accordent sur un fait simple : un traitement précoce, une diminution de la sédation et, éventuellement, un effet procognitif et neuroprotecteur sont des facteurs de meilleur pronostic, sans parler bien entendu de l'amélioration de la qualité de vie.
(1) 745 pages, coédité par Acanthe Edition et les Laboratoires Lundbeck.
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