LES DIFFÉRENTES mesures de l'activité sont regroupées sous le terme d'actimétrie. En font partie les détecteurs infrarouges (sur le marché) aussi bien que la variation des mesures de consommation des appareils électriques (encore en test).
Sous alarme infrarouge.
De l'alarme anti-intrusion à la détection des mouvements d'une personne âgée. Il fallait y penser. Il suffit de positionner les capteurs infrarouges aux endroits stratégiques (salle de bain, chambre, cuisine, couloir, escalier, etc.) que l'on peut compléter de détecteurs d'ouverture ou de température.
Le système Salvéo de la société Pervaya, comme celui de la toute nouvelle société Senioralerte, se compose d'un réseau de capteurs sans fil et d'une base de traitement qui intègre les données issues des capteurs. La base (branchée sur la prise téléphonique ou l'ADSL) intègre les données et les transmet au serveur central de la société qui les analyse et déclenche une alerte en cas de situations anormales (prévues en fonction des habitudes de la personne) : absence de mouvements dans la chambre à 10 heures du matin si le lever habituel est à 8 h 30, absence de mouvements dans la pièce depuis une heure (sauf sieste ou repos connus), pas d'ouverture de la porte du réfrigérateur depuis plus de huit heures, ce qui révèle des problèmes d'alimentation, etc.
En cas de danger, la ou les personnes désignées (un proche, un voisin, un centre d'appel) sont alors prévenues (par différents moyens, SMS, fax, e-mail).
Le système Salvéo dispose en outre d'une interphonie indispensable en cas de chute.
Dans l'offre Senioralerte est inclus le Distrimedic, un pilulier électronique (une semaine de médicaments) qui rappelle les heures de prise par signal sonore et alerte si les médicaments ne sont pas prélevés.
Une montre multifonctions.
Le bracelet-montre Vivago (présenté à Hôpital Expo) se porte au poignet jour et nuit. C'est d'abord une montre (et un réveil) avant d'être un objet de surveillance. Son boîtier est en effet bourré de capteurs : mouvements et micro-mouvements, température, détecteur de franchissement de zone. Un multifonction : « On n'empêche pas les gens de mourir mais on peut les sauver dans 90% des cas en cas de chute ou de malaise, explique Olivier Bessières, directeur commercial de la société ; si la personne est encore active, elle presse un bouton d'alerte, si elle est inanimée, l'alerte se déclenche automatiquement au bout de 30minutes et dans un rayon d'action de 60mètres. » Il suffit d'installer un transmetteur sur la prise téléphonique. Les informations sont transmises soit au réseau de l'établissement où un logiciel analyse en permanence les données venant des bracelets, soit à un centre d'appel. Mise au point d'après les principes (et les algorithmes) du Pr Partinen, un médecin finlandais spécialiste du sommeil, la montre est en effet capable de distinguer un sommeil profond de l'inactivité liée à un évanouissement.
Lancée en France en 2007, la montre Vivago est portée par 7 500 personnes dans quelque 120 maisons de retraite (35 000 exemplaires dans le monde). Elle remplace l'appel infirmier. C'est aussi un instrument de prévention capable de détecter une modification dans les habitudes d'une personne. Elle va être commercialisée auprès des particuliers à partir de septembre.
Un nouveau dispositif anti-chute.
Vigi'Fall, dont le lancement est prévu à l'automne, est né des recherches menées sur les chutes et les système antichute (notamment avec des vêtements intelligents) par le laboratoire TIMC-IMAG de Grenoble. Les diverses expérimentations ont convaincu le Dr Jean-Éric Lundy, fondateur de la société Vigilio, qu'il fallait pour être efficace coupler un détecteur corporel (accéléromètre) et un système de capteurs placés dans l'environnement (actimétrie). «Nous avons déjà sauvé une vie, se félicite le Dr Lundy, lors du premier test du capteur corporel mené en collaboration avec l'Assistance publique (AP-HP) chez une dizaine de patients à risque de chutes, une alerte s'est déclenchée alors qu'un patient est tombé dans les sanitaires où il s'était enfermé.» L'accéléromètre porté au niveau de la poitrine a donc passé son test avec succès. L'expérimentation se poursuit pour valider sur le terrain un système expert d'information lié cette fois à l'environnement de la personne avec des capteurs infrarouges, ce qui permettra de repérer aussi les «chutes molles».
Vigi'Fall est finaliste du concours des technologies innovantes de l'AGBM (Alliance pour le génie biologique et médical) dont les prix seront remis le 28 mai. À l'issue des tests, Vigi'Fall doit être intégré à l'offre de téléassistance de différents partenaires.
Prévention intelligente.
La société H2AD a développé le projet H2 Box avec le soutien d'Oséo ANVAR. Ce récepteur central concentre les informations provenant de différents capteurs de consommation, de mouvement ou d'ouverture (capteurs sur la porte du réfrigérateur, sur le compteur d'eau ou sur certains appareils électriques). L' «intelligence» de la H2Box doit lui permettre de détecter une détérioration de l'état de santé et de déclencher l'alarme. Elle est en cours de validation en partenariat avec le CHU de Saint-Étienne.
Salvéo : caution 269 euros + 39 euros/mois www.pervaya.com.
Senioralerte : 56,90 euros/mois (équipement électronique gratuit). www.senioralerte.com.
Montre Vivago + base, 990 euros + abonnement Europ Assistance 20 euros/mois ou en association avec des service à la personne, www.vivago.fr.
www.vigilio.eu (en construction).
Supprimer les causes
La moitié des plus de 85 ans et un tiers des plus de 65 ans font au moins une chute par an. Le coût médical en a été évalué à 1,34 milliard d'euros par an. Douze mille décès sont attribuables aux conséquences directes de ces chutes. Pour les éviter, il faut aménager l'environnement pour les prévenir. Il y a trois philosophies : faire porter les capteurs à la personne. Ou bien les installer dans son environnement. Ou encore combiner les deux.
Aménager l'environnement
La première chose à faire est évidemment d'aménager l'environnement pour supprimer autant que faire ce peut les causes de chute.
Le Pr Gilles Kemoun, qui dirige le service de médecine physique et de réadaptation de l'hôpital de Poitiers, a mis en oeuvre le concept PADCHUTE (prévention à domicile des chutes) avec une équipe pluridisciplinaire qui se déplace au domicile à la demande du médecin traitant ou de la personne elle-même. Il s'agit de faire prendre conscience des facteurs de risque en situation réelle : habillement inadapté, obstacles au sol (tapis, fils électriques), mauvais éclairage , sol ou baignoire glissants, toilettes qui ont besoin d'un rehausseur. Beaucoup de correctifs sont simples. D'autres plus coûteux à mettre en oeuvre, comme les douches sans bac avec siphon ou les lavabos réglables en hauteur. Beaucoup de conseils sur le site www.protec-chute.com à vocation européenne, lauréat de la bourse Charles-Foix.
L'importance de l'alerte
Quand la chute se produit, l'alerte doit être rapide. L'étude CHUTADOM qui, en 2006, a suivi 500 personnes se retrouvant aux urgences de l'hôpital Cochin après une chute à domicile montre que le délai entre la chute et l'arrivée aux urgences est en moyenne de 8,74 heures ! On s'est rendu compte que les troubles liés au maintien prolongé au sol (troubles métaboliques notamment) sont plus péjoratifs que les fractures.
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