Un an après le lancement de la campagne sur le bon usage des antibiotiques, Daniel Lenoir, directeur de la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM), est satisfait : « La sensibilisation, ça marche, et la consommation d'antibiotiques en France a baissé de 10,2 % pour la période allant de septembre 2002 à février 2003, soit quatre millions de traitements inappropriés : 40,7 millions de prescriptions pour la période 2001-2002 contre 36,6 millions pour 2002-2003 », a-t-il dit.
Des chiffres qui corroborent ceux du Comité économique des produits de santé (CEPS) qui, dans son rapport annuel publié au début du mois de septembre (« Le Quotidien » des 5 et 8 septembre 2003), notait « un fort infléchissement, de l'ordre des 9 % en valeur et 10 % en volume, des prescriptions antibiotiques en médecine de ville, signe manifeste du succès de la campagne de l'assurance-maladie, et conséquence pour une part de la diffusion des streptotests ».
Il faut dire que, même en dehors de toute considération économique, l'enjeu de cette campagne est d'importance pour l'assurance-maladie : la France détient le record européen de consommation d'antibiotiques, et les Français en consomment deux fois plus que les Anglais, deux fois et demie plus que les Allemands et quatre fois plus que les Hollandais. Avec pour corollaire à ce record hexagonal, une résistance des pneumocoques à la pénicilline qui est, selon certains experts, passée de 0,5 % en 1984 à 45 % en 2001.
Patrick Choutet, chef du service des maladies infectieuses au CHU de Tours, précise même que « parmi les nouveaux antibiotiques actuellement en développement, aucun ne sera disponible sur le marché avant au moins dix ans, il faut donc mettre en place une gestion patrimoniale des antibiotiques actuellement disponibles ». Et ce, alors que 75 % des prescriptions visent des infections respiratoires dont la plupart sont d'origine virale et sont donc insensibles à l'antibiothérapie. Egalement à l'actif de cette année de sensibilisation, le test de diagnostic rapide (TDR), aussi nommé streptotest, dont un million d'exemplaires a été diffusé aux médecins. Selon les chiffres de la CNAM, 45 % des généralistes et des pédiatres en sont désormais équipés, et 23 000 généralistes ont été spécialement formés à son utilisation. Au niveau des patients aussi, le message semble être plutôt bien passé : la proportion de personnes jugeant les antibiotiques systématiquement efficaces contre l'angine est passée de 42 à 24 %, et les médecins sont 83 % à estimer que leurs patients sont plus ouverts à leurs arguments lorsqu'ils expliquent pourquoi ils ne leur prescrivent pas d'antibiotiques.
Reste que rien n'est définitivement acquis, loin de là. Daniel Lenoir, en donnant les chiffres de la baisse de consommation d'antibiotiques (10 %), avait indiqué que l'objectif de cette campagne était de parvenir à une baisse de 25 % à terme. Et pour ce faire, la CNAM compte poursuivre son effort d'information et de sensibilisation : le bon usage des antibiotiques chez les enfants, premiers consommateurs en France, sera la priorité de la nouvelle étape du programme en 2003-2004 et, à cet effet, dès le 26 septembre, deux spots TV vont refaire leur apparition sur les chaînes hertziennes, avec une présence accrue les week-ends et au mois de décembre, au cours duquel on observe généralement une recrudescence du nombre des infections. De même, à partir du 6 octobre, seront diffusés des messages radio sous forme de questions-réponses et enfin des brochures seront diffusées dans les crèches et les écoles en même temps qu'une campagne dans la presse écrite généraliste et la presse féminine.
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