En travaillant sur une souche de rats SHR, modèle d'étude de l'hypertension, Frank DeLano, Geert Schmid-Schönbein et coll. décrivent un mécanisme moléculaire qui pourrait expliquer à la fois l'HTA et l'insulinorésistance, fréquemment associés en clinique humaine. Cela passe par une augmentation des protéases circulantes. Tout en donnant aux rats SHR une antiprotéase, ils normalisent la tension et font régresser l'insulinorésistance.
S'interrogeant sur l'existence d'une cause commune à des troubles souvent observés simultanément, telles que l'HTA et l'insulinorésistance, DeLano et coll. ont testé la théorie d'une activité protéolytique accrue.
Dans la circulation des rongeurs SHR, ils mettent en évidence des taux particulièrement élevés de protéases. Ces protéases ont une activité particulière : les inhibiteurs de protéases trouvés chez les rats normaux en bonne santé ne parviennent pas à normaliser l'hyperactivité protéase des rats SHR.
Chez les rats hypertendus, les protéases clivent les portions extracellulaires de récepteurs protéiques, comme le récepteur à l'insuline. Ce qui empêcherait la liaison de l'insuline à son récepteur et, de ce fait, l'internalisation de l'insuline dans la cellule. L'insuline ne pourrait plus assurer le métabolisme normal du glucose et la cellule deviendrait insulinorésistante. Les observations montrent une autre anomalie. Les protéases des rats SHR clivent un autre récepteur, le CD18, présent sur les leucocytes. Ce récepteur donne normalement aux leucocytes la capacité d'adhérer aux parois des vaisseaux sanguins, ce qui est un moyen par lequel ils combattent l'infection. Le clivage excessif produit une immunodépression.
La doxycycline ajoutée à l'eau de boisson.
La suite des essais a consisté à tester l'effet d'un composé antiprotéase. La doxycycline est un antibiotique qui possède par ailleurs la capacité de bloquer l'activité de certaines protéases, ce que des tests de laboratoire ont montré.
Ce produit a été ajouté à l'eau de boisson des rats SHR pendant quelques semaines. Utilisant une technique de pointe, DeLano et coll. observent alors que les cellules recommencent à présenter à leur surface les récepteurs à l'insuline, et les leucocytes, les récepteurs CD18. En même temps, l'insulinorésistance s'est réduite, l'HTA a régressé et l'immunodépression s'est améliorée.
«Pour la première fois, une étude montre que l'hypertension et le dysfonctionnement cellulaire associé au syndrome métabolique peuvent être dus à un processus d'autodigestion enzymatique, au cours duquel les protéases deviennent incontrôlées et détruisent certaines protéines. Ces observations doivent maintenant être confirmées chez les humains.»
« Hypertension », publication en ligne le 30 juin 2008.
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