Les vomissements provoqués qui accompagnent parfois l'anorexie mentale peuvent entraîner une alcalose métabolique et une hypokaliémie, difficiles à traiter, qui exposent à des troubles du rythme. Une patiente de 32 ans, qui se fait vomir depuis quatre ans, est hospitalisée à 33 kg (pour 1,63 m) avec une kaliémie à 2,6 mmol/l, malgré du potassium oral et du triamtérène. Dans le sang, le chlore est à 86 mmol/l, les bicarbonates à 34,3 et le pH à 7,51. Dans les urines, le pH est à 8 et il existe un trou anionique de 52 mmol/l.
A l'ECG, les ondes T sont plates et il existe des ondes U. Des perfusions de sérum physiologique avec chlorure de potassium (48 mmol) ne corrigent ni l'alcalose ni l'hypokaliémie, la patiente continuant à se faire vomir.
On se dit que si l'on inhibait la sécrétion gastrique d'hydrogène, on pourrait améliorer le pH et la kaliémie. La patiente est alors traitée par un inhibiteur de la pompe à protons (IPP), le lansoprazole (15 mg/j). Malgré la persistance des vomissements induits, le potassium sanguin monte à 4,2 mol/l et le chlore à 98 ; les anomalies ECG s'amendent ; les bicarbonates sanguins baissent à 24,6 mmol/l et le trou anionique urinaire décroît. Pendant un an de suivi, malgré les vomissements induits, la kaliémie reste dans la normale.
La réduction du trou anionique urinaire suggère que la baisse des bicarbonates urinaires a augmenté la kaliémie en réduisant l'excrétion urinaire de potassium. « Bien que le traitement du trouble psychiatrique sous-jacent soit essentiel, un traitement par IPP peut être utile pour améliorer l'hypokaliémie et l'alcalose métabolique chez quelques patients atteints d'anorexie mentale ou de boulimie », concluent les auteurs.
Masaaki Eiro et coll. (Japon). « New England Journal of Medicine » du 10 janvier 2002, p. 140 (lettre).
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