De notre correspondante
« Ces résultats devraient être considérés comme une lueur d'espoir pour les patients souffrant d'une maladie coronarienne symptomatique qui ne répondent pas aux médicaments traditionnels ou aux interventions répétées, pontage coronaire compris », précise le Dr Daisuke Masuda (université de Kyoto, Japon), qui a dirigé cette étude. « A la différence du pontage coronaire et de l'angioplastie coronaire, la contrepulsion externe exaltée (CPEE) est non invasive et administrée en séances externes ou hospitalières. Le traitement est associée à un risque minime et est relativement confortable », ajoute-t-il. « Bien que cette étude soit petite, il est important qu'elle ait prouvé comment la CPEE développe des vaisseaux collatéraux. »
La contrepulsion externe exaltée consiste à placer autour des jambes des patients des brassards similaires à ceux de la prise de tension artérielle. Après chaque battement cardiaque, un ordinateur gonfle les brassards, ce qui repousse le sang dans les coronaires. Chaque fois que le brassard se dégonfle, un léger vide est créé au sein des artères, ce qui propulse aussi le sang.
Amélioration de la tolérance à l'effort
Des études ont montré que la CPEE améliore la tolérance à l'exercice et soulage la douleur angineuse chez les patients qui ont un angor stable. Ces patients ont des épisodes angineux lors d'efforts ou d'émotions, qui disparaissent au repos et qui correspondent à une ischémie myocardique transitoire. Le mécanisme d'action de cette thérapie n'est pas encore bien compris.
Des études ont suggéré que cette technique peut stimuler le développement de minuscules vaisseaux collatéraux qui transportent le sang autour des artères bouchées et qui restaurent le flux sanguin dans les zones du myocarde privées d'oxygène. Toutefois, il est difficile de prouver le développement de collatérales à l'angiographie car elles sont extrêmement fines et peu visibles. En outre, on ignore exactement comment cette technique pourrait avoir cet effet. Une explication pourrait être que la CPEE induit, par un phénomène de « stress de cisaillement », la libération endogène de facteurs angiogéniques.
La notion de stress de cisaillement
On sait que plusieurs facteurs angiogéniques sont nécessaires pour le développement de collatérales fonctionnelles, et la principale gâchette pour libérer ces facteurs est le « stress de cisaillement ». Or la CPEE diminue la TA systolique et augmente la TA diastolique, un profil d'une onde inhabituelle qui induit justement un stress de cisaillement.
Masuda et coll. ont démontré dans une précédente étude que les collatérales développées par la CPEE sont fonctionnelles. Ils ont maintenant cherché à savoir si la CPEE induit la libération de facteurs angiogéniques. Onze patients avec un angor stable ont été traités par trente-cinq séances de CPEE (une ou deux séances par jour, d'une heure chacune). Les chercheurs ont dosé les taux sanguins de quatre facteurs angiogéniques connus : le VEGF, l'HGF, le bFGF et le MCP-1. Résultat, trois de ces facteurs angiogéniques sont augmentés après la CPEE : l'HGF de 27 % ; le bFGF de 19 % ; et le VEGF de 16 %. Le taux de MCP-1 ne s'élève pas.
« Ces résultats suggèrent que la CPEE favorise la libération de facteurs angiogéniques avec le stress de cisaillement et développe ainsi des vaisseaux collatéraux fonctionnels », concluent les chercheurs japonais.
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