Angéliqua : une enquête pour mieux connaître la femme à la quarantaine

Publié le 24/06/2001
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C OMME il ressort de l'enquête Angéliqua (qui s'est déroulée d'octobre 2000 à mars 2001, avec la participation de 1 657 gynécologues et l'analyse de 5 870 questionnaires), les caractéristiques des femmes de 40 à 49 ans consultant en gynécologie sont proches de celles de la population générale, avec quelques particularités concernant le mode de contraception utilisé et le motif de consultation.

Selon son « portrait robot », Angéliqua est une femme de 44,5 ans d'âge moyen, mariée ou vivant maritalement dans 79,7 % des cas, qui a eu en moyenne 2,3 grossesses pour 1,9 enfant. La contraception actuelle des femmes de l'enquête est un DIU dans 31,9 % des cas, des hormones dans 27,7 %. Elles n'utilisent pas de moyen contraceptif dans 28,2 % des cas ; 11 % d'entre elles sont ménopausées depuis 24,9 mois.
Le dépistage (57 %) du cancer du col (33,8 %) et du sein (23,2 %) est le motif de consultation le plus fréquemment retrouvé (la contraception, dans la population générale). Viennent ensuite l'instauration, le renouvellement ou l'intolérance de la contraception (32,55 %), les hémorragies génitales (12,1% ), les anomalies du cycle menstruel (9,7 %) et les douleurs pelviennes (7,5 %).
Les progestatifs ont été les plus prescrits (27,68 %), suivis des contraceptifs (18,39 %) ; 26,5 % des femmes n'ont reçu aucun traitement.
Quant à la consommation en médicaments des femmes de la quarantaine, on note une augmentation du coût de la prescription chez le médecin généraliste dans cette tranche d'âge. Grâce à l'étude permanente de la prescription médicale (EPPM), d'IMS HEALTH, le Dr Zartarian et son équipe ont analysé les 100 premiers médicaments prescrits. Ils ont déterminé ainsi de façon plus précise les axes de consommation médicamenteuse à la quarantaine : diminution de la fréquence des prescriptions en contraception, en « appareil digestif » et « états grippaux » ; apparition de prescriptions en « ménopause » et hypnotiques sédatifs ; croissance de la consommation de progestatifs, d'antalgiques, d'anti-inflammatoires, d'anxiolytiques et d'antidépresseurs.
Les troubles, parfois intenses, dont souffrent les femmes de la quarantaine peuvent entraîner des difficultés conjugales et perturber leur vie socioprofessionnelle, comme en témoignent leurs paroles : « On me reproche de m'énerver trop souvent. Je ne dors plus comme avant. Je suis toujours fatiguée. » Pour le Dr P. Mares, au-delà de l'écoute, il convient de poser des questions afin de détecter des symptômes qui ne sont pas évoqués par les patientes et d'envisager un bilan plus complet. En sachant, qu'outre les troubles thermo-vasomoteurs, ceux de l'humeur à type d'anxiété ou de dépression sont les signes les plus fréquents de cette période.
La quarantaine peut être aussi le moment d'un désir de grossesse et, dans ce cas, il est utile de conseiller au couple de repérer la période féconde et de donner des informations sur le suivi des grossesses après 40 ans (augmentation du risque de fausses couches, de grossesses gémellaires et d'anomalies chromosomiques). Devant des signes d'appel d'hypofécondité, un bilan étiologique peut être proposé sans attendre le délai de un an.
Il est également important de conseiller des règles hygiénodiététiques et d'évaluer les facteurs de risque cardio-vasculaire, puisque ces maladies représentent maintenant la première cause de décès chez la femme.
Confrontée à la société de performance, la femme de la quarantaine est souvent tiraillée entre ses rôles d'amante, de mère de famille et sa réussite professionnelle. Elle jette un premier regard en arrière. Elle prend conscience plus clairement du temps, du début de ses incertitudes, de son combat pour faire face à l'avenir, conclut le Dr M. Lachowsky.

D'après les communications des Drs C. Jamin (Paris), M. C. Micheletti (Monaco), P. Mares (Nîmes), P. Lopes (Nantes), G. André (Strasbourg), E. Drapier-Faure (Lyon), I. Canavy (Toulon), M. Lachowsky (Paris) et M. Zartarian (Monaco), lors d'un symposium organisé par les Laboratoires Théramex à Cannes

Le choix d'une contraception

L'index de fécondité décroît rapidement à partir de 40 ans pour devenir presque nul après 45 ans. Toutefois, la contraception reste indispensable : soit par des méthodes neutres, utilisables en l'absence de troubles liés à l'alternance d'épisodes d'hyper- et d'hypo-estrogénie, telles que les dispositifs intra-utérins, les spermicides, les diaphragmes ou les préservatifs, soit par une contraception hormonale. La pilule estroprogestative comporte certes des avantages, mais aussi un risque accru d'accident thrombo-embolique veineux ou artériel après 40 ans. C'est pourquoi le strict respect des contre-indications s'impose. « Les progestatifs normodosés antigonadotropes, dérivés prégnanes, sont actuellement très utilisés, pour améliorer le déséquilibre hormonal en périménopause, et on ne peut que regretter l'absence d'AMM dans l'indication contraception », estime le Dr G. André.

Ludmila COUTURIER

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6943