A MOINS DE DIX SEMAINES du mouvement national «la France sans bloc opératoire» prévu à partir du 24 juillet 2006 (« le Quotidien » du 20 mars), cette opération ambitieuse de cessation d’activité se prépare à l’appel de l’Union des chirurgiens de France (Ucdf), de l’Association des anesthésiologistes libéraux (AAL) et du Syndicat national des gynécologues-obstétriciens de France (Syngof).
Les responsables des trois structures se retrouvent demain à Rennes, au centre hospitalier privé (CHP) Saint-Grégoire, pour une soirée commune visant à alerter les praticiens du Grand Ouest. D’autres réunions de sensibilisation sont programmées en juin et en juillet, car il s’agit de mobiliser massivement les spécialistes libéraux des blocs opératoires de France. «Le mouvement s’annonce important, mais il faut désormais faire monter la pression», souligne le Dr Philippe Cuq, président de l’Ucdf (2 500 praticiens libéraux revendiqués), pour qui la fermeture des blocs dans les cliniques pourrait «durer un bon moment en raison des congés».
Mieux que quiconque, le Dr Cuq sait que le succès d’une opération de grève dans les cliniques privées se construit plusieurs mois en amont. En mai 2005, l’Ucdf n’avait pu réunir que 300 chirurgiens pour un départ symbolique outre-Manche (Camber Sands) à l’occasion d’une opération montée rapidement. En août 2004, plus de 2 000 médecins s’étaient inscrits pour un exil en Angleterre avant que le gouvernement n’éteigne l’incendie en négociant un accord inextremis.
Plusieurs foyers de crise.
Près de deux ans plus tard, le climat professionnel semble toujours à l’orage. Il n’y a que l’épine du «non-respect» des points cruciaux de cet accord chirurgiens d’août 2004 (selon l’Ucdf, la revalorisation promise de 25 % des actes chirurgicaux est restée un voeu pieu ; quant au nouveau secteur optionnel avec dépassements négociés qui devait voir le jour au 30 juin 2005, il est toujours dans les limbes). D’autres foyers de crise sont apparus. Le plus récent concerne l’intégrationpar le gouvernement des dispositifs médicaux implantables (DMI) dans les groupes homogènes de séjour (GHS) dans le cadre de la T2A (l’étude d’impact de cette mesure est en cours). Une décision qui a notamment conduit les chirurgiens-orthopédistes et viscéraux à se mobiliser et l’Ucdf à sonner l’alarme par une campagne de communication grand public intitulée «par qui serez-vous opéré demain?». Si l’on ajoute à ce tableau l’absence de solution pérenne à la crise de la responsabilité civile professionnelle (RCP) des spécialités à risques, on mesure mieux le malaise sur fond de crise des vocations. «Les problèmes sont graves et bien identifiés, résume le Dr Cuq. En retour, nous n’avons que des frémissements du côté des pouvoirs publics.» Un constat amer que partage le Dr Marie-Pascale Quirin, présidente de l’AAL, qui revendique 700 anesthésistes adhérents. «On nous répond qu’on est à l’écoute, mais la situation est devenue impossible à gérer pour les anesthésistes de secteurI». En cause : le coût réel des actes (à risques) pratiqués, les conséquences de l’application de la nouvelle Ccam technique ou encore la récupération souvent impossible.
> CYRILLE DUPUIS
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature