L'Ordre national des médecins vient de mettre sur son site Internet ses nouvelles « recommandations concernant les relations entre anesthésistes-réanimateurs et chirurgiens, autres spécialistes ou professionnels de santé ». L'Ordre a en fait actualisé ses recommandations de 1994, en tenant compte à la fois du nouveau code de déontologie médicale de 1995, qui met l'accent sur l'information du patient, et des textes législatifs et réglementaires récents (décret du 5 décembre 1994 sur la pratique de l'anesthésie dans les établissements de santé et décrets périnatalité du 9 octobre 1998).
« Les praticiens, de plus en plus troublés par les risques judiciaires qu'ils encourent dans la pratique de leur art, demandent l'aide de leur Ordre et de leurs organisations professionnelles », explique en introduction le Pr Bernard Hœrni, président de l'Ordre.
Il relève que la pénurie de médecins anesthésistes « rend impérieux l'amélioration des modes de fonctionnement, mais aussi un relèvement du numerus clausus ».
Les relations entre spécialistes en question
La mise à jour des recommandations réalisée par l'Ordre porte notamment sur la mise en œuvre de la consultation préanesthésique que le décret du 5 décembre 1994 a rendu obligatoire « pour tout patient dont l'état nécessite une anesthésie générale ou locorégionale ».
« Des difficultés sont apparues entre anesthésistes-réanimateurs et chirurgiens ou autres utilisateurs de l'anesthésie », souligne le Pr Jean Langlois, président de la section ordinale Santé publique, qui a participé à l'élaboration des recommandations. « La consultation préanesthésique semblait superflue pour les praticiens non anesthésistes, dès lors que l'anesthésie n'était pas générale », poursuit le Pr Langlois. « Or, en cas de complication, l'anesthésie locale peut devenir générale. » C'est pourquoi le document de l'Ordre recommande aux « opérateurs » de rappeler à chaque patient « tout l'intérêt de cette consultation, en dehors même de son caractère obligatoire ». L'Ordre demande aussi aux chirurgiens de dire au patient qu' « il est indispensable qu'un rendez-vous soit pris avec l'anesthésiste-réanimateur dans des délais optimaux pour sa sécurité ». L'Ordre souligne que, « dans l'intérêt de tous et notamment du patient, il est préférable que le médecin anesthésiste qui procède à la consultation effectue lui-même la visite préanesthésique et l'anesthésie ».
L'Ordre apporte des précisions sur les conditions d'utilisation de produits analgésiques, ou même anesthésiques, en cardiologie par exemple, ou en gastro-entérologie pour les endoscopies. Il fait une « mise en garde » : « Chaque médecin doit se limiter à son domaine de compétence, sauf circonstances exceptionnelles [situation d'urgence par exemple, NDLR] . » L'Ordre encourage les praticiens à définir avec précision, par règlement écrit, les modalités d'intervention des anesthésistes-réanimateurs dans les différents cas de figure. « Soit un acte médical, quel qu'il soit, nécessite un médecin anesthésiste, soit il ne le requiert pas, mais les situations intermédiaires sont à éviter, tant pour la sécurité des patients que pour l'organisation et la programmation des soins », conclut-il.
<*L> Pour en savoir plus :
www.conseil-national.medecin.fr
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