De notre envoyé spécial
L'anémie est une complication fréquente des cancers, qu'elle soit due à ceux-ci ou aux chimiothérapies. Différentes études ont montré que l'existence d'une anémie est un facteur prédictif défavorable en ce qui concerne la survie ; d'autres suggèrent que sa correction pourrait améliorer l'espérance de vie, mais aucune n'en apporte de preuve. On attend donc beaucoup de l'étude BRAVE (BReast cancer, Anemia and the Value of Erythropoietin), dont l'objectif est de vérifier si un traitement par l'érythropoïétine bêta chez des patients atteints de cancer du sein métastatique peut améliorer leur survie.
Quoi qu'il en soit, le principal symptôme de l'anémie, la fatigue, affecte considérablement la qualité de vie des patients.
Une étude a montré que la majorité de ces derniers donne la diminution de leur fatigue comme objectif prioritaire de leur traitement symptomatique, avant même le soulagement de la douleur ou la suppression des nausées. Le Dr Matti Aapro (Suisse) rappelle que, pourtant, l'anémie reste fréquemment sous-diagnostiquée et sous-traitée, comme l'a montré l'enquête ECAS (European Cancer Anemia Survey) ayant porté sur plus de 15 000 patients : alors que 70 % d'entre eux avaient des taux d'hémoglobine inférieurs à 12 g/dl à un moment ou à un autre de leur suivi (sur six mois), seulement 40 % recevaient un traitement pour leur anémie.
Objectif : diminution de la fatigue
Dans une enquête récente, conduite pendant la 10e Conférence mondiale sur le cancer du poumon (WCLC : World Conference of Lung Cancer), la quasi-totalité des praticiens interrogés (98 %) pensaient traiter l'anémie, quand elle existe, de façon efficace, alors qu'ils relevaient que quatre sur cinq de leurs patients se plaignent de fatigue.
Pour le Dr Tim Littlewood (Royaume-Uni), le décalage provient peut-être de la non-adéquation entre la prise en charge préconisée par les recommandations internationales et le bénéfice optimal qui peut être attendu d'un traitement adéquat de l'anémie. En effet, l'enquête montre que la plupart des praticiens traitent l'anémie à partir d'une valeur seuil de l'hémoglobinémie, en général 10 g/dl, en conformité avec les recommandations. Il est même possible que certains arrêtent le traitement trop tôt. Très peu (6 %) prescrivent un traitement préventif de l'anémie, c'est-à-dire dès que le cancer est diagnostiqué.
Le Pr Robert Pirker (Autriche) cite une étude récente qui suggère, d'une part, que les patients atteints d'une anémie moyenne (« mild ») ou modérée (hémoglobinémie à 10-12 g/dl) ont une qualité de vie médiocre, d'autre part, que l'amélioration de celle-ci est surtout notable chez les patients pour qui l'hémoglobinémie passe de 11 à 12 mg/dl. Le Dr Littlewood donne une autre raison pour expliquer le recours insuffisant au traitement : pour beaucoup de praticiens, celui-ci est représenté par les transfusions sanguines, dont on connaît les risques.
Assez peu prescrivent l'érythropoïétine recombinée humaine. Or différentes études ont montré que le NeoRecormon (époétine bêta) est efficace pour augmenter l'hémoglobinémie et diminuer le recours aux transfusions sanguines, quel que soit le type de cancer et quel que soit son traitement. Afin d'augmenter la maniabilité de ce médicament, les Laboratoires Roche mettent à présent à la disposition du corps médical une présentation à 30 000 UI administrée une fois par semaine, au lieu de trois fois pour la présentation précédente. Une étude récente (NOW : NeoRecormon Once Weekly) menée chez des patients atteints de leucémie lymphoïde a montré que la forme administrée une fois par semaine était aussi efficace que la forme usuelle. En outre, plus de 90 % des patients traités n'ont pas eu besoin de transfusions.
Le Dr Paul Mainwaring (Australie) a indiqué les améliorations que l'on peut attendre dans la prise en charge de l'anémie chez les patients atteints de cancer. Une première approche, en cours d'évaluation, s'intéresse au concept de « dose de charge » : l'érythropoïétine est donnée au départ à des doses massives, le traitement d'entretien utilisant ensuite des doses plus faibles. Une seconde approche s'intéresse à une nouvelle famille de médicaments, les CERA (Continuous Erythropoiesis Receptor Activator), actuellement en phase II d'investigation, qui auraient le grand avantage d'être administrés une fois toutes les trois ou quatre semaines.
Copenhague.12e European Cancer Conference (ECCO). Symposium satellite et conférence de presse organisés par les Laboratoires Roche : « Improving Outcomes by Optimising Anaemia Management ».
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