ANDRÉ THÉNOT vient de mourir. Vice-président du groupe de recherches Servier, il était de ceux que l'on n'oublie pas : alliant rigueur à finesse d'analyse, doté d'un don d'observation exceptionnel et d'une qualité d'écoute authentique, il s'attachait ses interlocuteurs et les fidélisait définitivement.
J'ai eu le plaisir de le côtoyer à l'hôpital Bicêtre où il exerçait brillamment la médecine, à laquelle il était extraordinairement attaché. Il a exercé ses fonctions à un moment où cette même médecine a connu les mutations que l'on sait : développement des plateaux techniques, apparition de la biologie moléculaire, tout cela alors qu'il a débuté dans le service du Pr Deparis, chef de service de l'AP « à l'ancienne », en blouse blanche et tablier... et né avec le siècle.
André Thénot aura accompagné et contribué, aux côtés de Jacques Servier, à tourner vers le XXIe siècle ce qui fut un petit laboratoire français et qui est devenu un grand groupe international.
Au sein du groupe, conseiller personnel de Jacques Servier, très impliqué dans les rapports avec les autorités du médicament, il est constamment resté passionné par la vie des molécules, depuis les premières phases jusqu'aux essais cliniques et aux phases IV.
A sa fille Sophie, brillante directrice du marketing dans notre groupe, et par qui nous savons l'attachement fusionnel reliant tous les membres de la famille, à tous les siens, nous disons notre peine et nos plus sincères condoléances.
° André Thénot, né en 1932, a fait d'abord une carrière hospitalière : il devient interne des hôpitaux de Paris en 1959, chef de clinique en médecine interne, en 1963, puis à partir de 1974 attaché consultant.
Il va mener de front pendant plusieurs années son activité hospitalière et une importante activité éditoriale. Il fonde et dirige le « PPPP » (« Perfectionnement privé et permanent du praticien »), est rédacteur en chef de « la Vie médicale », s'occupe des « Questions d'internat » et de la revue pour les infirmières « Soins ». Il est aussi P-DG de la Sfer (Société de communication dans l'industrie pharmaceutique).
Sa rencontre avec le Dr Jacques Servier sera déterminante pour la seconde partie de sa carrière. Il entre en 1977 dans le groupe Servier, en tant que vice-président. Il y aura un rôle stratégique majeur. C'est lui qui, entre bien d'autres développements, créera la filiale générique Biogaran.
Recevant en 1998 la croix de chevalier de la Légion d'honneur des mains de Jacques Servier, André Thénot avait rappelé la mission qui lui avait été confiée en 1977 : « Faire en sorte qu'en 2050, et au-delà, il existe encore un groupe pharmaceutique français indépendant. »
Eprouvé par un accident à l'âge de 20 ans, André Thénot se considérait comme un miraculé grâce au Pr Henri Bismuth, qui avait réussi la greffe hépatique de la dernière chance, en 1989, alors qu'il avait 57 ans, à une époque où l'on ne transplantait pas au-delà de la quarantaine.
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