Analgésiques et HTA : la surprenante supériorité de l'aspirine

Publié le 17/02/2003
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On ne présente plus la Nurses'Health Study (NHS), coordonnée par M. J. Stampfer (Harvard Medical School), et qui a permis de suivre plus de 80 000 femmes âgées de 31 à 50 ans, pendant plusieurs années. Elle a déjà livré des données très importantes. Aujourd'hui, un prolongement de cette étude NHS II apporte des renseignements relativement surprenants sur les effets des différents types d'analgésiques utilisés en OTC, aux Etats-Unis, sur la pression artérielle (1).
Après avoir éliminé les effets des deux autres classes d'analgésiques (AINS et paracétamol), on ne note pas globalement d'augmentation de l'incidence de l'HTA (p = 0,07) chez les utilisatrices d'aspirine, en chronique ; de plus, il ne semble pas exister de relation dose-effet puisque, paradoxalement, la non-significativité de la différence avec les non-utilisatrices vient surtout des femmes qui prennent de l'aspirine plus de quinze jours par mois.
En revanche, pour les AINS, la différence est significative, même pour les femmes qui en consomment moins de quatre jours par mois (RR = 1,17 ; 1,02-1,36), le risque semblant augmenter avec la fréquence d'utilisation des AINS (+ 49 % entre 5 et 14 j) ; + 66 % entre 15 et 21 j ; + 86 % à partir de 22 j).
Le même phénomène s'observe pour le paracétamol (+ 19 % entre 1 et 4 j ; + 37 % entre 5 et 14 j ; + 62 % entre 15 et 21 j ; + 100 % au-delà de 22 jours).
Les auteurs reconnaissent que cette étude connaît des limites (en particulier le diagnostic d'HTA était rapporté par les patientes et non contrôlé par les médecins et la durée totale de prise d'analgésiques n'est pas connue). Cependant, de petites études antérieures avaient conduit à des résultats comparables. Au total, NHS II relance les spéculations sur les différences de mécanisme d'action des classes d'analgésiques (inhibition de la production des prostaglandines vasodilatatrices, inhibition de la NO synthase...). Surtout, ils conduiront sûrement à des études complémentaires, compte tenu des enjeux, en raison de la fréquence d'utilisation de ces médicaments en automédication et de la fréquence et des conséquences de l'HTA.

(1) «  Archives of Internal Medicine », 2002, 162, 19, 2204-2208.

Dr Alain MARIE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7276