C’EST À L’EXIL de Diaghilev en 1909, suivi par Nijinski, Pavlova, Bakst, Chaliapine, Benois, Fokine, Stravinsky…, le nec plus ultra des artistes russes, et à la guerre qui suivit, que l’on doit la formation à Paris de cette troupe qui allait envoûter le reste du monde avec les souvenirs de la Russie Impériale. La Révolution coupa à jamais le cordon avec la terre mère. Le programme présenté par Het Nationale Ballet est bien représentatif de cette esthétique avec « Les Sylphides » de Fokine, essence de nostalgie du ballet romantique à la russe en tutus longs, sur la musique de Chopin, magnifiquement mis en place et transcendé par de grands solistes rompus à ce style. Puis la toujours très bluffante parabole du « Fils prodigue » avec ses décors increvables de Rouault sur la musique de Prokofiev, avec le Fils tout en finesse du premier soliste Cédric Ygnace (un des nombreux Français de la troupe). Après ces deux magistrales leçons d’économie on comprend à peine que Krzysztof Pastor ait jugé bon d’ajouter à l’action très dramatique de sa « Shéhérazade », créée pour l’occasion sur des musiques de Ravel et de Rimski-Korsakov, une armée de danseurs figurants en costumes contemporains, pour illustrer cette évocation des mille et une nuits assez bien rendue par les décors arabisants de Bert Dalhuisen. Michele Jimenez était splendide dans le rôle de la poétesse.
Une « Carmen » internationale.
« Carmen » de Bizet, aligne le privilège d’être l’opéra le plus représenté au monde et son fatal corollaire d’être chanté en sabir dans le monde entier. Celui de l’Opéra néerlandais n’échappe pas à la règle. Robert Carsen a donné libre cours à son amour immodéré pour les chaises en délimitant la scène, décor unique, par des gradins de sièges de plastique rouge, pour y héberger les quelque 500 figurants de cette production à grand spectacle. Par un effet de pure géométrie, ce que l’on gagne en spectaculaire, on le perd en intimité. Grand spectacle donc avec, malgré deux idées funestes et une direction d’acteurs bien bâclée, un certain degré de réussite.
La Bulgare Nadia Krasteva est une Carmen efficace, une vraie mezzo à la russe, de qui le metteur en scène n’a pas cherché à gommer l’inutile vulgarité. Plus touchant, le José aux aigus claironnants du Coréen Yonghoon Lee, qui, au moins, sait chanter piano. La surprise venait du superbe Escamillo de l’Américain Kyle Ketelsen, avec des moyens très adaptés et de la miraculeuse Micaëla de l’Autrichienne Genia Kühmeier. Mais le meilleur était dans la fosse avec le superbe Orchestre Royal du Concertgebouw, dirigé avec beaucoup de soins par le nouveau futur directeur musical de l’Opéra Néerlandais, l’Allemand Marc Albrecht.
La saison 2009-2010 de l’Opéra Néerlandais comportera de nouvelles productions de « La Juive » d’Halévy, « Didon et Énée » de Purcell, « Salomé » de Strauss, « La fille du Far-West » de Puccini, « Le Vaisseau fantôme » de Wagner, « Le Prisonnier/Barbe Bleue » Dallapiccola/Bartók et la création mondiale d’A Dog’s Heart » d’Alexander Raskatov.
La saison du Het Nationale Ballet, de nouvelles chorégraphies de « Don Quichotte » par Alexei Ratmansky et de « Nijinski, roi de la danse » par K. Pastor, et reprendra « Coppelia », « Bayadère » ainsi que de nombreux programmes consacrés à Van Manen, Balanchine et Forsythe.
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