Les Laboratoires Servier auraient-ils tronqué des études sur le Mediator avant de les remettre aux autorités de santé dans le but d’obtenir plus facilement l’autorisation de mise sur le marché (AMM) ? C’est ce qu’affirment « Le Figaro » et « Libération » qui, dans leurs éditions de ce mardi, font état des dépositions du Pr Jean Charpentier, un neurochirurgien ayant travaillé dès 1968 pour Servier en tant que conseil scientifique, dans le cadre de l’enquête judiciaire en cours. Le laboratoire dément formellement.
Le Pr Charpentier avait rédigé les expertises pharmacologiques (sous forme de synthèse d’études scientifiques réalisées par d’autres chercheurs) présentées par Servier aux autorités de santé pour obtenir l’AMM du Mediator. Dans sa déposition, il reconnaît notamment que ses travaux avaient à l’époque été tronqués pour gommer ses caractéristiques de coupe-faim et d’anorexigène, et présenter le Mediator comme un antidiabétique. Interrogé par les juges sur le point de savoir pourquoi ces documents avaient été ainsi modifiés, le Pr Charpentier, aujourd’hui âgé de 81 ans, leur aurait répondu : « Je ne me souviens pas, les faits sont anciens et ma mémoire est défaillante. »
Mais pour Maître Hervé Témime, avocat des laboratoires, Servier n’a pas « trompé les autorités en masquant le fait que le Mediator était un coupe-faim, ce qu’il n’était pas ». « Servier ne conteste pas les travaux qui ont été faits à la fin des années soixante sur cette molécule », a-t-il poursuivi sur « Europe 1 ». « Servier considère simplement qu’il n’y a pas eu de tromperie, qu’il n’y a pas eu d’escroquerie, qu’il n’y a pas eu d’obtention indue d’une autorisation de mise sur le marché. »
Les Laboratoires Servier ont eux aussi réagi à ces informations dans un communiqué de presse. « Le Mediator ne montrait pas d’activité anorexigène chez l’homme aux doses thérapeutiques », peut-on y lire. Servier affirme en conclusion que « contrairement à ce qui a été indiqué, aucune étude du Pr Charpentier n’a été modifiée en vue de sa communication aux autorités sanitaires, et elles ont toujours été signées par lui et sous sa responsabilité ».
Enfin, selon l’avocat de Servier, le laboratoire pourrait être convoqué par les juges d’instruction en vue d’une possible mise en examen.
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