Méthodes contraceptives d'hier et d'aujourd'hui
AMELIORER LES méthodes contraceptives reste donc indispensable. Il faut donc augmenter, si possible, leur efficacité, diminuer les doses et/ou essayer de limiter les oublis, en modifiant les produits ou les méthodes d'administration.
Le Dr D. Serfaty a évoqué la possibilité de modifier le rythme de prise des pilules afin de n'avoir ses règles qu'une ou deux fois par an, voire jamais !
C'est une aide importante pour les femmes qui souffrent de syndrome prémenstruel, d'endométriose ou d'anémie. L'étude Coralliance réalisée par le Dr Auberny démontre que le risque de non-reprise de pilule est maximal dans le cas des oestroprogestatifs arrêtés pendant 7 jours. Un nouveau produit a été testé aux Etats-Unis : Seasonale, qui vient d'avoir l'agrément de la FDA. Il s'agit d'une pilule monophasique constituée par l'équivalent de 4 plaquettes de « Minidril », soit 84 comprimés associant 30 μg d'éthinylestradiol et 0,15 mg de norgestrel et 7 comprimés placebo.
De nombreuses études internationales ont démontré l'intérêt des patientes pour ce genre de produit. Leurs effets secondaires sont des spottings s'atténuant avec le temps, les autres effets sont identiques à ceux observés avec une plaquette de pilules de 21 comprimés.
De nombreuses préparations utilisant les différentes pilules monophasiques actuellement sur le marché ont été testées.
Une étude publiée par Sillen en 2003 porte sur 1 433 femmes utilisant Jasmine en continu pendant 42 à 126 jours. Les troubles du cycle, les oedèmes, les mastodynies et les dysménorrhées, notamment, sont améliorés par ce mode d'administration en continu. Les règles ne sont pas plus hémorragiques que sous pilule prise pendant 21 jours. Quatre-vingt-dix-sept pour cent des femmes incluses dans l'étude ont voulu poursuivre cette méthode.
Il s'agit donc effectivement d'une nouvelle option, à condition d'oublier les tabous liés à la nécessité d'une menstruation régulière.
Un patch hebdomadaire.
Le Dr Christian Jamin a fait le point sur l'intérêt de l'utilisation du patch contraceptif. Il s'agit d'un timbre collé sur la peau délivrant régulièrement de l'éthinylestradiol et de la norelgestromine, qui est un dérivé du norgestimate. Ce patch est changé toutes les semaines il est porté trois semaines sur quatre.
Les taux circulants de stéroïde sont identiques à ceux obtenus en cas de prise d'un œstroprogestatif dosé à 35 μg/jour d'éthinylestradiol, comme dans Cilest par exemple. Le patch ne représente donc pas à un progrès en terme de dose.
Ses effets indésirables sont identiques à ceux d'une pilule prise par voie orale. Les arrêts pour effets secondaires sont du même ordre.
Le timbre est très bien toléré, y compris dans les conditions extrêmes (piscine, sauna...). En cas d'oubli, l'effet de rémanence est supérieur à celui existant avec une pilule habituelle. Cette méthode constitue donc un progrès certain pour l'observance de la contraception.
Le Dr Marianne Buhler a présenté l'anneau vaginal contraceptif Nuvaring qui contient de l'éthinylestradiol et de l'étonogestrel, métabolite actif du désogestrel. Il mesure 5 cm de diamètre pour 4 mm de section. Il est inséré dans le vagin par la femme elle-même, une fois par mois. Il est laissé en place 21 jours et retiré pendant 7 jours au terme desquels on pourra en reposer un autre. Il diffuse l'équivalent de 15 μg/jour d'éthinylestradiol per os et de 120 μg d'étonogestrel. Il a une excellente action antiovulatoire.
En cas d'oubli de retrait, il existe une réserve de produit pouvant durer deux semaines. Il est prudent de ne pas trop le divulguer aux utilisatrices !
Son indice de Pearl en Europe varie entre 0,4 à 0,6. La tolérance est bonne, les saignements intercurrents notamment sont moins fréquents que lors de l'utilisation de pilules à 15 μg d'éthinylestradiol, les céphalées, les mastodynies, les nausées et l'acné également.
La contraception en 2004 doit être adaptée aux femmes. Il est hors de question, de nos jours, de vouloir faire l'inverse !
L'acceptabilité de cette méthode est excellente, 92 % des femmes en sont satisfaites dès le troisième cycle. Elle doit être expliquée afin de lever les réticences de certaines. Néanmoins, elle semble être réservée aux femmes qui connaissent bien leur corps.
Patch ou anneau contraceptifs, pilules prolongées sont des méthodes de contraception d'aujourd'hui. De quoi sera fait demain ? Si l'on en croit le Dr Philippe Bouchard, nous allons bientôt entrer dans l'ère des stéroïdes à effet « tissu spécifique » dont font partie les modulateurs des récepteurs à la progestérone (Sprm). Ces produits constituent déjà un marché très important pour l'avenir des laboratoires pharmaceutiques.
La mifepristone (RU486) est, à l'heure actuelle, le seul qui soit à la disposition des médecins. Plusieurs autres sont en cours d'évaluation, l'un d'entre eux l'asoprisnil est en étude de phase III aux Etats-Unis.
L'effet contraceptif des Sprm passe par le blocage de l'ovulation et le « verrouillage » de l'endomètre. Ils n'ont pas d'effets métaboliques, ni d'action sur la coagulation.
Pour la RU486, par exemple, si la dose abortive est de 600 mg, 10 mg suffisent pour une utilisation contraceptive.
Selon le Dr Ph. Bouchard, les Sprms devraient être sur le marché dans les cinq années à venir.
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